Au siège de la wilaya, à la daïra, à l'APC, à l'université Mouloud-Mammeri, ou encore au CHU Mohamed-Nédir de Tizi Ouzou où une fausse alerte à la bombe avait semé la panique, mardi matin, les véhicules sont sérieusement filtrés. Vingt-quatre heures après les trois attentats à la voiture piégée ayant ciblé les deux commissariats de police de Draâ Ben Khedda et de Mekla, ainsi que la brigade de gendarmerie de Boubhir (Azazga), toute la Kabylie était hier encore sous le choc. Dès les premières heures de la matinée, les kiosques à journaux ont été littéralement pris d'assaut par les citoyens visiblement inquiets par cette recrudescence du terrorisme dans la région et surtout soucieux de s'informer, dans les détails, sur tout ce qui avait ébranlé ces trois paisibles localités de Kabylie d'autant plus que la wilaya limitrophe de Boumerdès avait été aussi ciblée par la spirale de la violence. Dans la rue, les places publiques comme dans les cafés ou les lieux de travail, les discussions allaient bon train et les interrogations les plus invraisemblables traduisaient aisément le climat de psychose qui s'est réinstallé en Kabylie surtout que les différents attentats ont été revendiqués par la branche “Al-Qaïda pour le Maghreb”. Mais, au-delà de la recrudescence des actes terroristes, c'est surtout la synchronisation des attentats de mardi à l'aube (4h30 du matin environ) et surtout les grosses charges de TNT utilisées par les criminels qui auront accentué l'émoi et les spéculations dans les villes et les villages. “C'est du jamais vu en Kabylie ! C'est une action d'envergure qui fait peur au moment où l'on nous a pourtant promis l'accalmie !” nous dira un vieux citoyen qui venait de prendre ses journaux chez son buraliste habituel au centre-ville de Tizi Ouzou. “C'était un calme précaire qui faisait peur depuis quelques jours déjà”, dira une dame visiblement préoccupée par ce regain de violence. Dans les différents commissariats de police de Tizi Ouzou, et dans d'autres localités de Kabylie, le “décor de guerre” a repris place, puisque les barricades et les herses ont refait leur apparition tout autour des locaux sensibles, alors que les établissements publics tels que les postes, les banques et les administrations, ont mis en place tout un dispositif de sécurité. “Il faut dire que les différents services avaient baissé quelque peu de vigilance ces derniers temps alors que le terrorisme est toujours aux aguets”, nous dira même un policier sous le couvert de l'anonymat. Dans les principales artères de la ville de Tizi Ouzou, les patrouilles de police ont été renforcées et il n'est plus possible aux automobilistes de marquer le moindre arrêt jusque-là autorisé ou encore de stationner devant les édifices publics. Au siège de la wilaya, à la daïra, à l'APC, à l'université Mouloud-Mammeri, ou encore au CHU Mohamed-Nédir de Tizi Ouzou où une fausse alerte à la bombe avait semé la panique, mardi matin, les véhicules sont sérieusement filtrés. Mais si ce regain de vigilance est largement perceptible, à travers plusieurs endroits de la ville, il faut certainement se demander si une mobilisation aussi rigoureuse tiendra longtemps la route, car, de l'avis unanime de toute la population, l'on a souvent tendance à retomber dans la mégarde et la nonchalance alors que la bête immonde guette le moindre laisser-aller pour frapper sans retenue et de plus en plus fort. Quant à tous ceux qui prônent la réconciliation nationale à tout vent, ils n'ont certainement pas trop d'arguments à faire valoir face à des terroristes qui viennent encore une fois de rejeter les offres de paix du pouvoir. M. Hocine