Trois voitures piégées ont explosé hier dans différentes localités de la wilaya de Tizi Ouzou, faisant trois morts, dont 2 femmes de policiers et 5 civils. Les deux premières voitures ont explosé à 4h30 devant la caserne de la BMPJ de Draâ Ben Khedda et le commissariat de Mekla, alors que la troisième a explosé peu après 10h au niveau du nouveau pont de Boubhir, sur la route reliant Azazga à Aïn El Hammam. A Draâ Ben Khedda, selon des policiers sur place, une voiture (une BMW semble-t-il) s'arrête net devant le mur d'enceinte de la caserne de la BMPJ donnant sur l'autoroute. Un policier de garde dans sa guérite, voyant le chauffeur sortir de la voiture et courir vers une autre qui l'attendait, tire une rafale en direction des terroristes, qui ripostent avant que la voiture piégée n'explose. L'explosion est entendue à des kilomètres à la ronde. Le mur d'enceinte est complètement détruit. Une partie de la bâtisse abritant les policiers et leurs familles s'est effondrée. Les débris de la voiture sont éparpillés sur des dizaines de mètres sur les deux voies de l'autoroute Alger - Tizi Ouzou. Douze policiers et deux femmes sont blessés et évacués vers la polyclinique de la ville et le CHU de Tizi Ouzou. Selon les services de sécurité, trois d'entre eux sont gardés en observation au CHU. A notre arrivée à Mekla, vers 9h30, les abords du commissariat de la ville sont jonchés de débris. Plusieurs commerces et des habitations sont touchés par l'explosion qui a soufflé le mur d'enceinte et le portail du commissariat. Les débris de la voiture (une Golf selon certains, une R5 selon d'autres) sont retrouvés à près de 300 m du lieu de l'explosion. Selon les témoignages, il était 4h30 lorsque deux voitures passent devant le commissariat. L'une s'arrête. Le chauffeur descend et monte dans la seconde. Deux policiers de garde sortent du bâtiment et s'approchent du véhicule, qui explose instantanément. Ils seront tués sur le coup. Une maison en face du commissariat est à moitié détruite. Réveillés dans leur sommeil, de nombreux citoyens sortent de chez eux et accourent vers le lieu du drame. Ils recouvrent d'un drap les deux policiers déchiquetés. Les premiers secours arrivent. Certains blessés sont évacués vers l'hôpital de Tizi Ouzou. On dénombre cinq blessés parmi les résidents des alentours du commissariat et un parmi les policiers. Deux voitures stationnées dans un parking limitrophe du siège de la sûreté de daïra sont pratiquement détruites. Le bâtiment de quatre étages, une ancienne brigade de gendarmerie, situé à l'entrée de la ville de Mekla, a subi d'importants dégâts. Au moment où les policiers étaient affairés à rechercher les indices sur les lieux des deux attentats, on leur signale une autre voiture piégée (une Renault 4), abandonnée suite à une panne, sur la route de Boubhir, non loin d'Illoula, à 60 km à l'est de Tizi Ouzou. Les terroristes avaient sans doute l'intention de placer la voiture devant la gendarmerie d'Illoula Oumalou. Les artificiers dépêchés sur place n'arriveront pas à temps. La voiture explose sur un citoyen, qui décédera au cours de son évacuation à l'hôpital. Ces terribles attentats ont créé une véritable psychose dans la wilaya. Des rumeurs, des fausses alertes à la bombe ont fait le tour de la ville. Au CHU de Tizi Ouzou, un bout de papier portant la mention « Alerte à la bombe » a été découvert à l'intérieur d'un des services de l'hôpital. Après une enquête minutieuse des services de sécurité, rien n'a été trouvé. Ces attentats, les premiers depuis le début de l'année, surviennent après des semaines de calme. Un calme qui pouvait faire croire que le GSPC avait quitté la Kabylie, après les différentes opérations des services de sécurité menées depuis l'été dernier. Les derniers attentats, les plus sanglants commis dans la wilaya de Tizi Ouzou, remontent au mois de septembre et d'octobre 2006. Le 6 septembre, une bombe explose au passage du commissaire de Beni Douala, près du village d'Ath Mesbah, sur la route reliant Beni Douala à Beni Zmenzer. L'officier sort indemne de l'attentat. Il y a eu ensuite l'assassinat du président de l'APW de Tizi Ouzou, M.Aïssat, le 12 octobre à Aïn Zaouia, deux jours après l'attaque d'une patrouille de la BMPJ de Boghni qui avait fait un mort et sept blessés. Le 29 octobre, c'est un barrage mixte qui a été ciblé à Boghni, faisant 3 blessés. C'était en plein mois de Ramadhan. Depuis, il y a eu de nombreux accrochages entre des groupes terroristes et les différents services de sécurité. La synchronisation de ces attentats est un signe que les différentes katibates du GSPC ont coordonné leurs opérations pour frapper à six endroits différents dans deux wilayas limitrophes.