Il y a un gros problème de distribution, de réhabilitation et de gestion des réseaux d'AEP, à la source d'énormes pertes de la ressource. La prudence semble être de mise. En dépit d'une pluviosité exceptionnelle, le ministère des Ressources en eau a décidé de distribuer l'eau un jour sur deux dans la capitale. “Nous sommes en phase d'essais. La distribution de l'eau un jour sur deux est entrée en vigueur dans la plupart des quartiers de la capitale”, a indiqué M. Attar, ministre des Ressources en eau, lors d'une conférence de presse donnée, hier, suite aux manifestations organisées par ce département et la boîte de communication Expolab à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau. Cependant, si le ministère a décidé d'appliquer ce rythme de distribution, il n'est pas question de fournir l'eau quotidiennement à Alger, a-t-il ajouté. “Cette année est exceptionnelle. Rien n'assure que les prochaines années ne seront pas des années de sécheresse. Il faut donc être prudent. Du reste, il faut donner plus d'eau en été où la demande est plus forte, en raison, entre autres, des besoins accrus d'hygiène. Il faut donner plus d'eau pendant les périodes, les heures où la population en a le plus besoin”, a laissé entendre M. Attar. Ainsi, le ministère a décidé de distribuer de l'eau un jour sur deux mais avec une plage horaire plus courte (par rapport à celle de 1 jour sur trois) dans la capitale. Autre explication : les réseaux de distribution ne peuvent répondre à une augmentation significative des volumes distribués. Il y a là un gros problème de fuites, de réhabilitation des réseaux et de gestion de la distribution. Concrètement, la production actuelle d'eau est de l'ordre de 500 000 m3/j, soit plus de 80% des besoins de la capitale : 300 000 m3/j tirés des forages, 150 000 m3/j du barrage de Keddara et 50 000 m3/j de l'interconnexion Ghrib-Bouroumi (avec Boukourdane, les travaux de transfert seront achevés d'ici à l'été). Ces volumes peuvent assurer une distribution quotidienne de l'eau. Mais les pertes énormes dans les réseaux constituent l'une des raisons du choix d'un pareil rythme de distribution. Exception : les localités du littoral (allusion sans doute à Staouéli, Aïn Bénian…), elles, ne bénéficieront pas de ce nouveau rythme de distribution. “La conduite qui alimente ces localités ne peut pas supporter un rythme de distribution de 1 jour sur deux”, a expliqué M. Attar. Ailleurs, les points noirs sont résorbés : Skikda, Sétif, Oum El-Bouaghi, Annaba, Constantine. Par exemple, Batna, Constantine, Guelma et Blida reçoivent l'eau un jour sur deux. Jijel et Tarf bénéficient d'une distribution quotidienne. De façon générale, la quasi-totalité des villes de l'Est bénéficie d'une distribution d'au moins de 1 jour sur deux. Idem pour la région Centre. La situation à l'Ouest est beaucoup plus préoccupante, avec un niveau moyen de réserve des barrages de 40%. M. Attar a indiqué que 57% des 26 millions d'habitants en Algérie qui sont raccordés aux réseaux d'alimentation en eau potable (AEP) ont de l'eau chaque jour. Le ministre a précisé que 70% des volumes produits vont à l'agriculture. La réhabilitation des réseaux d'AEP, en grande partie vétustes dans les grandes villes et qui entraînent de grosses pertes, d'énormes gaspillages de la ressource, nécessitera 1,4 milliard de dollars, a-t-il ajouté. En matière de pollution, sur 50 stations d'épuration que compte le pays, 14 fonctionnent et cinq sont en cours de rénovation. “Vingt-cinq stations d'épuration sont à l'arrêt pour mauvaise gestion, absence totale de maintenance et manque de moyens financiers. On a donné l'exploitation des stations d'épuration aux communes. Ces dernières n'ont ni les moyens financiers ni le personnel requis pour leur exploitation”, a répondu le ministre. Dans l'opération en cours de restructuration des établissements du secteur, il est question de confier à l'Office national de l'assainissement (ONA), à statut d'EPIC, l'exploitation des stations d'épuration. Cette entreprise pourrait vendre l'eau épurée aux utilisateurs. Enfin, le ministre a indiqué qu'une étude est en cours pour le transfert des eaux de l'immense nappe du sud vers le nord (60 000 milliards de m3). “On ne peut exploiter que 5 milliards de m3/an de la nappe. Le Sud ne consomme actuellement que 1,5 milliard de m3/an, essentiellement pour les besoins d'irrigation”, a précisé M. Attar. N. R.