Les services de sécurité marocains étaient à la recherche hier d'une dizaine de kamikazes, qui seraient à Casablanca et donc prêts à se faire exploser, comme les quatre qui se sont donné la mort la veille. La police avait encerclé dans la nuit de lundi à mardi un immeuble de deux étages à Hay Farah, un quartier de la capitale économique du Maroc, où se cachaient quatre suspects liés à l'attentat au kamikaze il y a un mois dans un cybercafé dans le plus grand bidonville de Casablanca. Se sentant traqué, le premier suspect est sorti avec un sabre et une ceinture d'explosifs, il a menacé les policiers qui l'ont abattu. Le deuxième homme est alors monté sur le toit de l'immeuble puis a sauté sur une terrasse mitoyenne avant de se faire exploser. Dans l'après-midi, alors que le quartier était bouclé par les forces de l'ordre qui le passaient au peigne fin, un inspecteur de police a trouvé la mort lorsqu'un troisième suspect s'est fait exploser à 150 m du lieu de la première déflagration. Au crépuscule, un quatrième terroriste a trouvé la mort en se faisant exploser. Cinq personnes, dont deux policiers, ont été blessées dans cette déflagration. Les quatre kamikazes étaient de jeunes radicaux ayant des antécédents judiciaires, selon la police, qui a indiqué que l'homme abattu par ses éléments était Mohamed Mentala, alias Warda, recherché dans les attentats de Casablanca en 2003 et le premier kamikaze, qui s'est tué dans la matinée, faisait partie d'une cellule impliquée notamment dans le meurtre en 2003 d'un gendarme à Casablanca. Le deuxième est le frère de Abdelfettah, un terroriste qui avait trouvé la mort le 11 mars en actionnant des explosifs qu'il transportait sur lui dans le cybercafé du plus grand bidonville de Casablanca. Ce groupe était activement recherché dans le cadre de l'enquête sur cet attentat, a précisé la police. Frappée par l'extrême détermination de ces jeunes radicaux prêts à mourir plutôt que de tomber aux mains de la police, celle-ci croise les doigts car les kamikazes neutralisés allaient faire plus de mal en s'explosant dans la rue ou près de cibles stratégiques. Pour la presse marocaine, ces attentats soulignent le caractère planétaire du terrorisme et interpellent sur l'influence des télés satellitaires arabo-musulmanes qui chantent en boucle l'islamisme politique et dont s'abreuvent d'importantes franges de la population exclues du développement. Après l'attentat du cybercafé de Casablanca, la police a dressé une liste de quarante terroristes à neutraliser, coûte que coûte, renforçant la sécurité et les contrôles dans les ports et les aéroports. La justice marocaine devait immédiatement inculper 24 islamistes de complot en vue de commettre une série d'attentats à la bombe à Casablanca et dans plusieurs sites touristiques du pays. Comme kamikazes, ils projetaient de faire exploser des navires étrangers dans le port de Casablanca, mais aussi des hôtels de Marrakech, d'Agadir et d'Essaouira, ainsi que d'autres édifices dont le siège de la police de Casablanca. Les accusés, originaires de bidonvilles et quartiers pauvres, ont été arrêtés à la suite d'une opération de police au cours de laquelle leur chef présumé, Abdelfattah Raydi, s'est fait exploser le 11 mars dans le café Internet pour ne pas être capturé vivant, selon les recommandations du numéro un d'Al Qaïda. Ils sont passibles de peines allant jusqu'à 30 ans de prison s'ils sont reconnus coupables, ont indiqué leurs avocats, selon lesquels leur procès devrait s'ouvrir prochainement. Le Maroc est en état d'alerte avancée depuis février, des responsables de la sécurité ayant déclaré disposer de renseignements sur un complot d'Al Qaïda visant le royaume. Les législatives marocaines sont programmées pour la fin de l'année et les autorités craignent qu'une vague d'attentats ne déstabilise le pays. D. Bouatta