Malgré l'importante activité de recherche lancée par les différents services de sécurité du royaume marocain, deux kamikazes ont déclenché, hier matin, leurs ceintures bourrées d'explosifs devant le Centre culturel américain de Casablanca. Il était 09h05 (GMT), heure marocaine également, hier matin, lorsque deux kamikazes marocains se sont fait exploser près du consulat général des Etats-Unis à Casablanca. Selon le bilan fourni par la police locale, outre la mort des deux terroristes, une passante a été blessée. D'après les témoignages recueillis, un des deux kamikazes s'est approché du consulat général américain, dans le quartier Gauthier, alors que l'autre se dirigeait vers un centre américain privé, l'American Language Center, tous deux situés dans le même périmètre dans le centre de Casablanca. Devant l'impossibilité d'accéder à l'intérieur des deux sites en raison de la présence policière dans ce secteur, ils se sont fait exploser, à une minute d'intervalle. D'autres témoins indiquent que l'un des deux kamikazes a demandé à un policier qui se trouvait à un barrage à une centaine de mètres du centre américain de pouvoir y pénétrer et alors que le policier lui demandait des explications, il s'est fait exploser. Une source policière marocaine a estimé qu'“il s'agit d'un acte accompli en désespoir de cause après le coup de filet réussi, ces dernières semaines, par la police et la traque menée par les services de sécurité pour démanteler les cellules terroristes”. Mohamed Darif, un politologue spécialiste des mouvements islamistes marocains notamment, a affirmé : “J'estime qu'ils visaient les intérêts américains.” Les premiers éléments de l'enquête de la police marocaine ont permis d'identifier l'un des deux kamikazes comme étant Mohamed Mohamed Maha, né en 1975 à Casablanca. Un troisième kamikaze, accompagnant les deux qui se sont fait exploser, est recherché par la police, a indiqué la même source. Pour rappel, le 10 avril dernier, dans un autre quartier de Casablanca, trois kamikazes avaient fait exploser leurs charges lors d'une opération de police, un quatrième avait été abattu avant d'actionner ses explosifs et un policier avait été tué. Il y a lieu de signaler que les explosions de mardi et de samedi à Casablanca n'ont pas, jusqu'ici, été revendiquées et les kamikazes marocains n'ont pas fait connaître de revendications précises avant de se faire exploser. Dans la nuit du 11 mars dernier, un kamikaze s'est fait exploser dans un cybercafé de Casablanca dans un quartier populaire de la ville. L'explosion avait fait trois blessés. Par ailleurs, inquiet de ces développements, le roi Mohammed VI a appelé, vendredi, dans un message au président algérien Abdelaziz Bouteflika à un front maghrébin contre le terrorisme. “Nous sommes prêts à travailler avec tous les dirigeants des cinq Etats du Maghreb pour assurer la protection de nos peuples et de nos pays et les prémunir des risques et des périls de les voir se muer en base de terrorisme hideux et exécrable”, a-t-il particulièrement écrit dans son message de condoléances au chef de l'Etat après les attentats d'Alger. “Nous sommes tous visés. Tous ceux qui, dans le monde, croient aux valeurs religieuses et aux règles démocratiques, notamment celles prônées par l'Islam, constituent aujourd'hui une cible potentielle”, a prévenu le souverain chérifien. K. ABDELKAMEL