Selon des sources sécuritaires marocaines, plusieurs kamikazes sont activement recherchés par les services de sécurité marocains qui n'écartent pas l'éventualité d'attentats terroristes à Casablanca, au lendemain de la mort de trois terroristes qui se sont fait exploser alors qu'ils étaient poursuivis par la police dans un quartier populaire de la ville. L'information a été confirmée par le ministre marocain de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, qui a confirmé lors d'une conférence de presse que la police marocaine recherche activement les derniers éléments de ce groupe, dont la plupart ont été arrêtés après qu'un kamikaze s'est fait exploser le 11 mars dernier dans un cybercafé à Sidi Moumen, un quartier de Casablanca. “Les services de sécurité marocains recherchent actuellement trois ou quatre terroristes dangereux”, a-t-il dit, en précisant qu'ils appartiennent au même groupe qui s'est fait exploser mardi à Hay El Farah, au quartier d'El Fida, en plein centre de Casablanca. D'après lui, le matériel et la logistique des terroristes morts dans l'explosion de leurs charges étaient “rudimentaires”, annonçant que “le Maroc va se doter de moyens humains et financiers importants pour combattre le terrorisme”. Mais, si lui il a écarté l'éventualité d'une action concertée entre les groupes terroristes marocains et algériens, estimant que les actions terroristes au Maroc sont de “conception locale”, des experts ne sont, cependant, pas aussi affirmatifs sur la non-connexion entre les différents groupes terroristes opérant dans la région maghrébine qui ont opté pour des actions suicide. “On assiste à un tournant dans le mode opératoire : la gratuité des explosions des kamikazes”, estime pour sa part Mohamed Darif, universitaire et spécialiste des mouvements intégristes. Mais “je n'adhère pas à la thèse officielle d'un terrorisme aux racines locales”, a-t-il précisé dans des déclarations à la presse. Jean-Luc Marret, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, cité par le quotidien l'Economiste, est catégorique : “Force est de constater le rapprochement substantiel avec d'autres groupes salafistes djihadistes maghrébins.” Pour l'universitaire marocain Mohamed Tozi, “la psychologie de ces individus met à nu une marge de progression inquiétante. Il ne faudrait pas la mettre sur le compte d'un certain amateurisme”. Une chose est sûre : après les événements de mardi à Casablanca, experts et sécuritaires marocains s'accordent dorénavant à dire que la menace du retour des attentats à l'explosif est devenue “bien réelle” au Maroc où plusieurs groupes terroristes seraient toujours “actifs”, malgré le démantèlement de plusieurs cellules en 2006 à Rabat, à Casablanca, à Agadir, à Tanger et à Tétouan. Pour rappel, le 11 mars dernier, un terroriste, Abdelfettah Raydi, s'était fait exploser dans un cybercafé, alors que son complice, blessé dans la déflagration, a été arrêté. Les services marocains de sécurité avaient ensuite appréhendé une trentaine de personnes qui feraient partie du même groupe, et actuellement en détention à la prison civile de Salé. Les quatre individus, dont trois s'étaient fait exploser mardi avec les charges qu'ils avaient à la ceinture, et un autre abattu par la police, seraient liés à la cellule démantelée au mois de mars dernier, a précisé le ministre. RENFORCEMENT DE LA SECURITE Les forces de sécurité marocaines ont renforcé, jeudi, les mesures de sécurité autour du quartier d'Al Farah à Casablanca, où trois kamikazes ont actionné leurs bombes, mardi, après les témoignages d'habitants sur de possibles terroristes y ayant trouvé refuge. “Deux hommes ont sauté d'une terrasse pour se cacher dans un appartement d'un immeuble mitoyen avec celui où ont été localisé mardi les kamikazes. Je ne sais pas s'il s'agit de malfaiteurs ou de terroristes”, a affirmé Mohamed Hidane, un habitant du quartier. Les policiers ont établi des barrages alors que la panique s'emparait de la foule. R. I./Agences