Si la libéralisation du commerce a permis de parfaire la qualité des produits et d'assurer leur disponibilité quasi constante, elle a, par ailleurs, mis à nu une gestion boiteuse et somnolente d'usines et d'unités de production, lesquelles ont sombré dans la médiocrité et la stagnation. Le réveil de ces dernières s'est heurté d'emblée à une concurrence déloyale, résultat d'une importation “sauvage”, générée par les lacunes émanant de la nouveauté du processus de libéralisation. Ceci n'a fait qu'étouffer une production nationale déjà à l'agonie et contraint des unités au dépôt de bilan, engendrant ainsi un triste tableau sur un fond de compressés et de chômeurs. La seule issue qui restait aux usines et unités, leur permettant éventuellement la sortie de l'impasse et le maintien du cap, est de se conformer aux nouveaux modes de gestion, où la créativité, l'initiative et l'engagement ne devront pas être de vains mots. L'unité de production de céramique Certaf, actuellement Céramique de la Tafna, semble se redresser et même arriver à multiplier sa production par 7, grâce à la volonté des hommes qui ont su s'adapter à la réalité économique en contournant la concurrence déloyale qui a frappé, à partir de 1994, avec l'ouverture du marché, et ce, par la reconversion des équipements. Initialement prévue avec un effectif de 1 200 ouvriers pour la production de céramique, l'unité s'est reconvertie en grande partie, après une mutation qui consistait en la réduction de l'effectif de plus de 800 ouvriers et la diversification des produits, en se lançant dans la production d'articles en porcelaine, puis celle de produits rouges (tuiles, briques...), produits actuellement très prisés pour l'importance du chantier national de construction. Actuellement, avec un effectif de 450 ouvriers, la production, notamment des produits rouges, a connu une croissance notable qui l'a fait passer de 10 000 pièces/jour à 70 000 p/j, ce qui permettra au chiffre d'affaires, qui était de 20 millions de DA/mois, de tendre vers les 100 millions/mois, lorsque la vitesse de croisière sera atteinte et qui fera, selon les prévisions, chuter le prix de la pièce à 70 DA au lieu de 110 DA actuel. L'unité qui semble se redresser réussira-t-elle à se maintenir avec la politique d'austérité préconisée ? “L'unité a de beaux jours devant elle, encore faut-il que les responsables assurent une gestion efficace et optimisent le capital humain, sans pour autant sombrer dans une austérité qui peut mener à l'irréversible”, ainsi termine notre interlocuteur qui ne semble pas se tromper. En effet, le million de dollars de déclaration annuelle émanant de l'importation de ce genre de produits (rouges) démontre la bonne amorce de cette unité qui, selon les spécialistes, “s'accrochera” bien. AMMAMI MOHAMED