Le président-directeur général du groupe Cevital, M. Issad Rebrab, a été invité, hier, par les responsables de la faculté des sciences économiques et de gestion de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou pour présenter une communication sur l'“acte d'investir en Algérie”. Face à un parterre d'enseignants, d'opérateurs économiques et de centaines d'étudiants au campus Hasnaoua, le P-DG de Cevital aura tenu en haleine, durant près de trois heures, la nombreuse assistance et suscité beaucoup d'admiration et d'applaudissements pour la pertinence de ses propos et surtout sa vision judicieuse sur les possibilités de l'économie nationale. D'emblée, M. Issad Rebrab a souligné que l'investissement efficace est conditionné par plusieurs facteurs importants tels que “la veille stratégique, l'étude de marché devant déterminer un créneau porteur avec forte valeur ajoutée, le choix de la haute technologie, investir dans le choix des hommes, leur formation et la transmission des compétences ainsi qu'un dimensionnement adéquat du projet”, car souligne-t-il, “pour être compétitif au niveau international, la taille de l'investissement est importante mais le facteur humain en est le maillon essentiel. Il y a une guerre constante entre divers acteurs où il est question de défendre son marché, conquérir d'autres parts de marché dans d'autres pays ou disparaître. L'entreprise doit être dynamique, se remettre en cause constamment et être capable d'innover”. Issad Rebrab a détaillé, avec humilité et pertinence, l'expansion actuelle de son groupe avec une option pour la diversification des secteurs. Visant l'édification d'un holding, ce patron natif de la région de Tizi Ouzou, a annoncé la consolidation de son investissement dans le raffinage du sucre, la réalisation de deux centrales électriques en cogestion avec une production de 50 MGA en sus d'une unité de production d'eau minérale avec 3 millions bouteilles/jour ainsi qu'une ligne de verre plat de 600 tonnes/jour qui va entrer en production prochainement et aussitôt après deux autres lignes de 700 tonnes et 900 tonnes/jour chacune seront mises en chantier. Ce qui donnera en 2010 une capacité de production de 760 000 tonnes/an. Ce qui fera passer l'Algérie du stade de pays importateur à celui d'exportateur de verre (70% de la production seront exportés). L'ouverture de deux unités de fabrication de bâtiments en béton préfabriqué faisant partie d'un programme de 12 unités réparties sur tout le territoire national dont 4 seront ouvertes avant fin 2007, a été annoncée également par l'invité d'honneur de l'université de Tizi Ouzou, qui s'est dit, par ailleurs, ravi et honoré de débattre d'un tel thème avec la communauté universitaire. M. Rebrab a déclaré que son groupe réinvestit à chaque fois ses bénéfices illustrant cela par le fait qu'entre 2005 et 2010 ce ne sont pas moins de 166 milliards de dinars (l'équivalent de 2,3 milliards de dollars US) qui seront investis et dont 75% du montant sur fonds propres. Le P-DG de Cevital a adressé aux étudiants un message d'espoir en affirmant que l'investisseur algérien est capable de relever bien des défis et conquérir des marchés même dans des pays développés. Rappelant son intention de s'engager dans la trituration des graines oléagineuses et la production de l'aliment pour bétail, le conférencier prédit le doublement des exportations hors hydrocarbures à l'horizon 2008/2009 pour dépasser deux milliards de dollars US. Retraçant à chaque fois son parcours d'industriel qui a débuté en 1971, M. Rebrab a fait part aussi de son projet dénommé “Cap 2015” consistant en la création d'un “complexe logistique, industriel et énergétique intégré autour de 5 à 7 pôles d'activité” dans la région de Cap-Djinet dans la wilaya de Boumerdès, et ce, pour un montant de 20 milliards de dollars US. Un complexe portuaire qui aura une vingtaine de kilomètres de quai et s'étendra sur 5 000 ha avec des unités de pétrochimie, d'aluminium, de sidérurgie, de construction navale et automobile, de production électrique, de dessalement d'eau de mer et prévoit même à terme l'implantation d'une ville nouvelle de 250 000 âmes, la création de 100 000 emplois directs et un million d'emplois indirects. Cette méga-installation aura pour incidence un surcroît d'exportation hors hydrocarbures de 15 milliards de dollars US à l'horizon 2015 et 30 milliards de dollars US en 2030. Au cours du débat qui s'est engagé entre cet industriel et l'assistance, le P-DG de Cevital n'a pas manqué de rappeler que “l'acte d'investir en Algérie est un parcours du combattant et il faut gérer un environnement fort complexe”. “Il y a un problème de mentalité et certains acteurs ne jouent pas le jeu”, a en outre souligné le conférencier qui a précisé, au sujet des investissements directs étrangers qu'ils ne peuvent être que complémentaires aux investissements nationaux et que la vraie force économique d'un pays ne peut être assurée que par les nationaux. “Il n'y a pas un pays au monde qui est développé uniquement par les IDE”, a conclu le patron de Cevital. Abdenour Bouhireb