C'est une première dans l'environnement de l'entreprise privée en Algérie. Le groupe familial Cevital a décidé d'ouvrir son conseil d'administration à des membres indépendants. L'annonce a été faite hier à Alger par M. Issad Rebab, patron du groupe, à la presse, en présence de ses enfants, des nouveaux membres du conseil d'administration et du président du Forum des chefs d'entreprise, M. Réda Hamiani, qui a d'ailleurs salué cette initiative. “Pour soutenir la croissance et assurer sa pérennité, le groupe Cevital, à l'image des grandes entreprises internationales les mieux gérées, a estimé nécessaire d'adopter un nouveau mode de bonne gouvernance. Le groupe familial a décidé d'ouvrir son conseil d'administration à des membres externes”, a annoncé M. Rebrab, au parterre de journalistes. Depuis le 25 octobre, le Conseil d'administration du groupe Cevital est composé d'un nombre égal de membres internes et externes, six membres faisant partie de la famille Rebrab et six personnalités indépendantes, qui sont en l'occurrence Brahim Benabdeslem, directeur général du MDI, Ahmed Sadoudi avocat à la cour, Smaïl Seghir, consultant en management, Lachemi Siagh, directeur général de Deutsch Bank Algérie et P-DG de Strategica, Ahmed Tibaoui, directeur général du World Trade Center Algérie et Louis Roquet, consultant en stratégie d'entreprises et ancien président de Desjardins Capital Risque (Canada). Le groupe Cevital a estimé nécessaire d'adopter un mode de gouvernance évolué pour mieux faire face aux défis que pose sa croissance forte et durable. En effet, le groupe Cevital a connu, au cours des dix dernières années, une croissance soutenue à deux chiffres et une diversification importante de ses activités. “On ne peut pas gérer une entreprise, comme on peut gérer trois entreprises ou un groupe de la dimension de Cevital. Nous ne pouvons plus gérer les 21 filiales comme on gérait quelques entreprises. Avant, toutes les décisions venaient du haut vers le bas. Aujourd'hui, on doit changer de mode de gouvernance. Nous devons gérer par délégation de pouvoirs. C'est-à-dire les décisions de gestion doivent être d'abord au niveau des entités opérationnelles, pour remonter vers le haut”, explique le patron de Cevital. Quant à l'élargissement du conseil d'administration du groupe aux personnalités externes à la famille, M. Issad Rebrab souligne sa “très grande responsabilité” vis-à-vis des 12 500 collaborateurs du groupe. Le patron du groupe, citant des statistiques internationales, affirme que 70% des entreprises familiales ne réussissent pas le passage à la deuxième génération et disparaissent à la première génération. Et seulement, une famille sur neuf passe à la quatrième génération. “C'est important de préparer la succession”, a insisté M. Rebrab, indiquant que Cevital compte passer à 25 000 collaborateurs en trois années. “Pour des hommes d'affaires qui se respectent, nous avons une responsabilité vis-à-vis des collaborateurs et de leur famille, pour la pérennité et la prospérité du groupe”, a insisté M. Rebrab, précisant que les membres externes “sont de grandes personnalités”, choisies “pour leurs qualités humaines, leurs expertises, chacun dans sa spécialité”. Ce sont des gens qui ont réussi dans le monde économique, en Algérie et à l'international. “Ces membres externes vont nous aider à mieux gérer la croissance du groupe, et gérer les risques, d'autant que le groupe est en train de se diversifier et projette d'investir près de 4 milliards de dollars d'ici 2012”, a précisé le patron de Cevital, indiquant que son groupe “n'a rien à cacher”. Le groupe est régulièrement audité par un cabinet d'audit international. M. Rebrab indique, par ailleurs, que le conseil d'administration est doté, selon les meilleures pratiques de gouvernance de trois comités permanents, un comité d'audit qui sera présidé par un membre du conseil d'administration externe, un comité stratégique qui appuiera la haute direction dans l'évaluation des stratégies du groupe et un comité des ressources humaines et des rémunérations, chargé d'évaluer les politiques des ressources humaines et les systèmes de gestion des talents au sein du groupes et de proposer la rémunération des hauts dirigeants du Groupe. Cevital a aussi séparé la fonction du président du conseil d'administration non exécutif et celle du directeur général du groupe. Issad Rebrab, fondateur du groupe, assure désormais la fonction de président (non exécutif) du conseil d'administration. Son rôle est de présider cet organe stratégique pour le groupe, d'assurer son fonctionnement efficace et d'animer les comités permanents. Il peut, ainsi, coordonner la veille stratégique de haut niveau et participer à l'identification et la maturation de nouvelles opportunités de développement pour l'ensemble du groupe. Rebrab, père, passe ainsi la main à son fils Malik Rebrab qui assume le poste de directeur général (exécutif) du groupe, responsable de la formulation et de la mise en œuvre de la stratégie du groupe et de ses opérations. Le groupe a, enfin, mis en place une structure organisationnelle par divisions pour regrouper en cinq pôles d'activités les 21 filiales. Pour assurer la cohérence de son développement, le groupe Cevital a consolidé ses différentes filiales à l'intérieur de cinq pôles d'activités : agro-industrie, industrie primaire, services et manufactures, construction et enfin distribution. Les présidents des cinq pôles, responsables de la qualité de la gestion des filiales relevant de leur autorité ainsi que de la formulation et de la mise en œuvre de la stratégie du pôle et de ses composantes, composent avec les directeurs fonctionnels, le conseil de direction du groupe présidé par le directeur général, M. Malik Rebrab. Les trois changements majeurs dans la gouvernance du groupe Cevital s'accompagnent par la mise en place d'outils de management modernes et de mesures de contrôle adéquates qui assurent une gestion prudente des risques liés à une croissance accélérée et une diversification importante. Des investissements significatifs dans le développement des ressources humaines, la gestion des talents et particulièrement celle des cadres, ainsi qu'un suivi de la préparation de la relève, compléteront la gamme des outils qui garantiront la santé, la croissance et la pérennité du Groupe, lui permettant de poursuivre son rôle de créateur d'emplois et de richesses. Le groupe industriel Cevital, qui prône l'intégrité et la transparence, le courage et l'engagement en enfin la solidarité et la citoyenneté comme valeur, compte d'ailleurs lancer une université pour former ses cadres. Pour M. Hamiani, l'exemple donné par Cevital est l'expression du nouveau capitalisme algérien qui n'est pas fondé sur la rente, mais au contraire, créateur de richesses et de la valeur pour le pays. Cevital, aujourd'hui dans quasiment tous les secteurs où il a investi, a fait passé l'Algérie du stade d'importateur au stade d'exportateur, tout en proposant aux Algériens des produits de qualité à des prix compétitifs.