Une forte mobilisation policière sans précédent pour le second tour de la présidentielle française. Un peu comme si le pronostic donnant l'ex-ministre de l'Intérieur, Sarkozy, le candidat de l'UMP et des patrons confondus des mondes des affaires, des médias et du showbiz, devait se réaliser ipso facto. Les services de police avaient avoué craindre des incidents et dans la seule région parisienne plus de 3 000 CRS et gendarmes mobiles ont été mobilisés, notamment dans les trois départements de Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et du Hauts-de-Seine, où sont entassés les Français d'origine étrangère et où on a très peu voté pour Sarkozy. Les sorties de ces départements devaient être étroitement, afin de prévenir la venue de bandes qui voudraient éventuellement en découdre dans la capitale pour les festivités du scrutin. La rivale de Sarkozy, Mme Royal n'avait pas cessé dans la dernière ligne droite des élections de dénoncer en lui le pyromane qui mettrait le feu aux banlieues ! La police devait aussi avoir un œil sur les mouvances radicales de l'extrême gauche, en général plus violentes que les banlieues. Dans la France entière, il y avait hier sur le qui-vive plus de 80 compagnies de GM et de CRS, auxquelles s'ajoutent les milliers de policiers et gendarmes en uniforme ou des civils comme ceux des Renseignements généraux ou de la police judiciaire (PJ), selon ces mêmes sources, qui ont essayé de banaliser l'extraordinaire mobilisation en comparant leur effectif à celui de soirées de grands matches de foot et de nuits de réveillon. La crainte existait que la nuit des résultats se transforme en pugilats avec le déferlement de jeunes hostiles à Sarkozy. D'autant plus que le successeur de Jacques Chirac, par anticipation bien avant le scrutin, a fait étalage tout au long de sa campagne de thèmes lepénistes et de sa collusion avec le Medef, deux sujets qui mobilisent les banlieues et les antilibéraux. La police française était d'autant plus sur les dents que la France a vécu pareille situation durant la guerre de ses banlieues en 2005 et les mégamanifestations anti-CPE l'année d'après. D. B.