Le grand argentier du pays a indiqué qu'un rapport de coopération sera établi en vue d'inciter les banques et sociétés d'assurances espagnoles à investir en Algérie. “L'Espagne a besoin de l'Algérie et l'Algérie a besoin de l'Espagne. Nous sommes convaincus que les deux parties trouveront une solution bientôt. Le prix ne constitue pas un problème crucial quand on mesure la portée du partenariat qui lie les deux pays dans le domaine de l'énergie. Les négociations doivent aboutir à une solution acceptable pour deux pays”. C'est la réponse apportée par le ministre espagnol de l'Economie et des Finances, M. Pedro Solbès, sur le blocage qui caractérise les négociations du contrat entre Sonatrach et l'entreprise espagnole Gas Natural pour la révision à la hausse des prix de vente du gaz, envisagée par la compagnie nationale. “Ce sont des difficultés de parcours que les deux côtés souhaitent réellement surmonter rapidement. Aussi importantes soient-elles, ces questions restent toutefois secondaires compte tenu du vaste champ de coopération et des partenariats entre les deux pays”, affirmera, pour sa part, M. Mourad Medelci, ministre des Finances. Pour rappel, cette renégociation, qui ne concerne que le tiers environ du gaz algérien exporté vers l'Espagne, entamée il y a deux ans, vise à ajuster le prix considéré par Sonatrach très bas par rapport au prix du marché. Dans ce sens, l'Algérie propose une augmentation de 20% en deux étapes sur une année pour limiter l'impact de ce réajustement sur le consommateur final espagnol. Au cours d'une conférence de presse qu'ils ont animée hier, les deux ministres ont fait le point sur la coopération bilatérale et les relations qui lient les deux pays. M. Medelci a tenu à préciser que M. Pedro Solbès est le premier ministre des Finances espagnol à visiter l'Algérie. L'Algérie et l'Espagne ont signé hier le règlement de fonctionnement interne du Fonds de conversion de la dette algérienne en investissements, qui permettra de sélectionner et de financer certains projets espagnols en Algérie. Ce règlement a été paraphé, faut-il le rappeler, en application d'un accord conclu à Madrid en juin 2006 pour la conversion de la dette en investissements portant sur un montant de 30 millions de dollars. Des programmes-cadres d'investissements, qui vont être financés par ce fonds, ont déjà été définis en juin dernier. Ce sont des projets prévus dans le secteur industriel, des services… Un comité technique qui aura à évaluer ces projets vient d'être créé. La réalisation de ce programme nécessitait, cependant, un règlement de fonctionnement pour définir les mécanismes de financement des projets qui seront identifiés. 30 millions de dollars reconvertis en investissement Outre cet accord de conversion de la dette, l'Algérie et l'Espagne avaient signé, en juin dernier, un accord de remboursement anticipé de la dette algérienne auprès de l'Espagne, pour un montant de 690 millions de dollars. Les deux parties ont arrêté à l'occasion de cette visite les grands axes de coopération dans les secteurs économique et financier. La coopération institutionnelle entre les deux ministères est le premier axe. “Un nouveau coup d'envoi vient d'être donné pour que les administrations fiscale, douanière et celle du cadastre soient invitées à se rencontrer et à s'échanger les informations en perspective d'une coopération dans ces trois domaines d'excellence qui expriment le mouvement réformateur de l'économie algérienne”, soulignera M. Medelci. Le second axe identifié a trait au soutien attendu des Espagnols dans le cadre du renforcement du système bancaire algérien, notamment les sociétés d'assurances, des sociétés de capital risque… L'objectif recherché est, selon le grand argentier du pays, de bénéficier de l'expérience espagnole qui représente aujourd'hui, l'un des pays les plus avancés dans le domaine financier. Il sera ainsi question de dégager un rapport de coopération qui aura pour effet d'inciter davantage de banques, de sociétés financières et d'assurances espagnoles à venir investir en Algérie. Le troisième axe a permis, expliquera le ministre des Finances, d'aborder le reste de la coopération. “Nous enregistrons avec satisfaction l'importance de la coopération dans le domaine des transports notamment ferroviaire, de dessalement d'eau de mer, l'énergie et ses activités en aval”, indiquera Mourad Medelci. D'autres secteurs, qui recèlent de grandes potentialités, doivent être développés et le savoir-faire espagnol doit être mobilisé à ce propos. En premier lieu, vient le secteur des services qui englobe, entre autres, le tourisme qui doit être privilégié à l'avenir. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Espagne ont atteint, faut-il le préciser, 5,5 milliards d'euros en 2006. Badreddine KHRIS