Les agriculteurs producteurs de la pomme de terre de l'est du pays ont qualifié cette saison agricole de l'une des plus catastrophiques qu'ils aient jamais connue. Celle-ci a été marquée par une succession de problèmes et de défis. Dès le lancement de la campagne agricole, les approvisionnements en semences faisaient problèmes, puis le prix du quintal de semence a enregistré des niveaux jamais atteints, soit 19 000 DA. Aux conditions climatiques au départ favorables et ayant permis la réalisation des plantations dans les meilleures circonstances, se sont succédé, malheureusement, les importantes pluies du mois d'avril favorables, elles, au développement de maladies cryptogamiques, particulièrement le mildiou. Une maladie provoquée, selon les spécialistes, par un champignon, le phytophtora infestas, conjugués à d'autres facteurs. Il s'agit, notamment, des températures élevées enregistrées tout au long des mois de mars et d'avril dépassant le seuil de 17 et 20°. À cela s'ajoute une forte humidité. Malgré les différents traitements effectués, la maladie continue de se propager d'une façon remarquable mettant en péril toute la production qui devrait mettre fin à la crise qui secoue le marché national depuis plus de sept mois déjà. D'après le premier bilan établi par les responsables du secteur en question, la maladie a touché les wilayas de Guelma, de Skikda, d'El Tarf et de Constantine. Les risques de la contamination de toute la production ne sont pas écartés au niveau de la wilaya de Guelma si les conditions climatiques actuelles continueront à sévir. Devant cette situation préoccupante, plusieurs sorties sur terrain ont été effectuées par des brigades spécialisées dans le but d'évaluer les dégâts. Les premières constatations parlent de 1 500 hectares contaminés jusque-là, et le danger persiste toujours. Une situation des plus complexes qui pèse lourdement sur le moral des agriculteurs et des consommateurs à la fois. Ces derniers devront s'attendre à une augmentation des prix de cet aliment après une brève période d'accalmie. À ce propos, le président de l'union locale des commerçants a confirmé que les prix de la pomme de terre ont déjà doublé au niveau des marchés de gros, passant de 22 à 46 dinars. Une situation qui ne pourra pas changer dans les conditions actuelles, surtout avec les dégâts causés par le mildiou. Cet état de fait a suscité plusieurs réactions de la part des grossistes. Pas moins de 150 d'entres eux, activant à l'est du pays, refusent carrément d'approvisionner le marché en pomme de terre, préférant d'autres produits ayant une marge de rentabilité plus importante. Madani R.