Benoît XVI a critiqué au Brésil le retour des socialistes en Amérique latine, qualifié par lui de retour d'idéologies que le monde croyait dépassées. La condamnation a été faite lors de la Ve conférence des évêques d'Amérique latine et des Caraïbes. Pour le pape, le socialisme ne correspond pas à la vision chrétienne de l'homme et de la société ! En fait, de la part de Benoît XVI ce n'est pas nouveau. Le pape, qui a été élu sur un sérieux coup de pouce des Etats-Unis, exprime la tendance la plus radicale de l'église romaine. Ses positions sur l'avortement et le célibat des prêtres ne sont que les parties apparentes de l'iceberg. Ne s'était-il pas aventuré à s'en prendre à l'islam, pour immédiatement reculé face au tollé suscité par son islamophobie ? Washington et l'Occident, d'une manière générale, lui ont fait comprendre que l'engrenage du choc des civilisations ne tenait qu'à un grain de sable après les fameuses caricatures du Danemark. Benoît XVI n'a, cependant, pas cité les gouvernements latinos qui se seraient éloignés de la religion chrétienne et qu'il a condamnés, même si c'est du bout des lèvres et par insinuation. Une nouvelle génération de dirigeants est récemment arrivée en Amérique latine, tels Evo Morales en Bolivie, premier chef d'Etat d'origine indigène, qui tente d'imposer des réformes radicales, ou en Equateur, Rafael Correa, tous deux alliés au Vénézuélien Hugo Chavez, chef de file du camp antilibéral. Le pape, qui ne voit pas en peinture l'église révolutionnaire latino qui a prôné l'engagement politique au nom de la théologie de la libération et qui continue d'imprégner en profondeur le clergé latino-américain, a réaffirmé, lors de sa visite de cinq jours dans le plus grand pays catholique du monde, le Brésil, le respect des valeurs morales radicalement chrétiennes, invitant les égarés des canons du Vatican à s'y conformer. Pour propager ses convictions, le pape a martelé que le catholicisme n'est pas une idéologie politique, ni un mouvement social, ni un système économique, mais la foi en un Dieu amour. Benoît XVI se devait de déplorer le développement d'une énorme pauvreté dans le sous-continent américain et presser les pays qui ont adopté une économie libérale de veiller à plus d'équité mais sans revenir sur leur exploitation par leurs voisins, les Etats-Unis, dont les Latinos disent être plus proches de Dieu ! D. Bouatta