Malgré ses 33 ans, “le renard des surfaces”, comme aiment le nommer les spécialistes, n'a rien perdu de sa verve ni de son efficacité. Bourahli reste l'un des meilleurs attaquants en Algérie. Ses beaux et rusés buts restent à jamais gravés dans la mémoire des supporters algériens. Nous l'avons rencontré à Amman d'où il annonce à Liberté Foot une décision surprenante. Liberté : Cette campagne en Ligue des champions arabes vous a donné un nouveau souffle jusqu'à devenir, à 33 ans, l'un des atouts majeurs de l'Entente... Issaâd Bourahli : Vous savez, la carrière d'un joueur est très limitée. On ne s'aperçoit pas du temps qui passe très vite, alors il faut saisir toutes les opportunités qui se présentent. Cela fait bientôt une décennie et demie que je suis sur les terrains de football. J'ai connu des fortunes diverses, des joies, des déceptions... tout ce que peut vivre un joueur, quoi. J'estime que ma carrière était riche sur le plan sportif. En ce moment, l'Entente a le vent en poupe, l'excellent parcours que nous avons réalisé en Ligue des champions arabes nous a donné plus de motivation et de détermination. Vous savez comme moi que la motivation provient souvent du succès. C'est ce qui nous arrive en ce moment. Puisque tout va pour le mieux, je souhaite que notre parcours sera couronné par une victoire finale contre El Fayçali, que nous nous apprêtons à rencontrer chez lui ce jeudi (NDLR, avant-hier) à Amman. Comme vous dites, à 33 ans, j'ai encore du jus dans les jambes, tant qu'elles tiennent bon, je continuerai toujours à servir mon club de toujours, l'Entente de Sétif, avec lequel je souhaite décrocher enfin un titre. Cela vous tient à cœur, n'est-ce pas ? Bien sûr ! Un joueur qui n'est pas ambitieux ne réussira pas dans sa carrière. Paradoxalement, je n'ai pas réussi à gagner de titres avec l'ESS, mais j'ai eu un championnat avec le CSC et plusieurs titres, entre autres la Coupe d'Algérie et le championnat avec l'USMA avec laquelle je me suis distingué et j'ai passé mes meilleurs moments. Je vous assure que je ne me suis jamais senti étranger dans ce club qui m'a adopté et m'a porté haut, je lui en suis très reconnaissant. Justement, en parlant de l'USMA, les supporters ont été eux aussi marqués par votre passage dans ce club, au point qu'à chaque sortie de l'USMA, votre nom est évoqué parmi eux avec une nostalgie qui en dit long sur l'estime qu'ils vous portent. Cela vous enchante, on présume ? Bien sûr que cela m'honore d'être souvent cité comme exemple. Moi aussi, durant mon passage à l'USMA, je n'ai pas rechigné en donnant le meilleur de moi-même, je me suis défoncé à fond, on avait un très bon groupe, on était les meilleurs. La preuve, l'USMA domine le football depuis dix années, cela prouve qu'au sein de ce grand club un grand travail se fait à tous les niveaux, notamment de la part du président qui gère son club d'une manière très rationnelle. Je peux vous dire que moi aussi, je garde un très bon souvenir des supporters. Votre retour était même évoqué en décembre dernier… Effectivement, j'étais sur le point de retourner à l'USMA durant le mercato passé, j'ai discuté avec Allik et tout était conclu entre nous. Au moment où j'allais rejoindre la capitale, Serrar m'a appelé et tenu un langage qui m'a dissuadé d'y aller. J'ai accepté de rester pour servir le club engagé en Ligue des champions arabes. Sinon, j'aurais rejoint de nouveau l'USMA. À l'USMA, on regrette votre époque. C'était l'occasion pour le club de gagner la Ligue des champions africaine avec les Diallo, Dziri, Ammour, Mezaïr, Ghazi et autre Achiou… C'est vrai, on était tout près du but, cette équipe valait de l'or. On avait été trahis au Nigeria lors de la demi-finale contre Eyimba, où l'on a encaissé un second but à la 97' de jeu. Sinon, cette coupe aurait été la nôtre. C'était pour moi la meilleure équipe qu'avait l'USMA. Je sais qu'en ce moment l'équipe est en train de se reconstruire. Il est tout de même difficile de mettre sur pied une autre grande équipe telle que la nôtre. Notamment après le départ de Billel Dziri... Dziri reste pour moi le meilleur footballeurs de ces dix dernières années. C'est un joueur très intelligent, rusé et qui a du punch. C'est un gagneur, il aide ses coéquipiers, son départ sera très difficile à combler, je connais le poids de ce joueur à l'USMA. Il reste pour moi un modèle de joueur duquel doit s'inspirer la nouvelle génération. En parlant de Dziri, peut-on évoquer votre cas. Il se murmure au sein de l'Entente que vous allez prendre une décision ayant trait à votre avenir à la fin de cette saison. Peut-on la connaître ? Je ne vous cache pas que j'envisage réellement d'arrêter de jouer avec l'ESS dès la fin de cette saison, que je souhaite du reste fructueuse. Cela fait longtemps que cette idée me taraude. Je ne peux plus jouer au haut niveau. Ce n'est pas parce que je ne peux pas, mais pour la simple raison que je veux vivre un peu plus auprès de mes enfants, que je n'ai pas vu grandir. Cela est-il la seule raison qui vous motive à tirer votre révérence ? Pratiquement, la seule. Les longs voyages m'ont usé. Mes enfants me manquent et je dois être près d'eux. Il y a une fin à tout. Mais vous êtes toujours capable de rendre d'énormes services à votre club car, à 33 ans, vous avez atteint l'âge de maturité. Ce sera une surprise pour les fans qui vont regretter votre décision… Il faudra bien qu'un jour ou l'autre j'arrête de jouer au football. Je vais annoncer en principe ma décision au mois de juin prochain. C'est bon, j'arrête de jouer à l'ESS ! Cela sous-entend que vous pouvez jouer ailleurs ? C'est une éventualité à ne pas écarter, je n'ai pas encore tranché cet aspect. Une chose est sûre : j'ai décidé de rester auprès de mes enfants qui ont besoin de moi, cela est irréversible. Maintenant, s'il y a d'autres opportunités à Sétif, je les étudierai. En tout cas, ma décision d'arrêter de jouer à l'Entente est irrévocable. Avant cela, il y a des challenges à disputer : le championnat que l'ESS cherche depuis 20 ans et la Coupe d'Algérie qui reste très prisée à Aïn El Fouara… J'en suis très conscient, et nous nous donnerons à fond pour offrir à notre club des titres et faire ainsi plaisir à toute la ville de Sétif et aux supporters qui méritent qu'on leur offre un titre. Ils nous ont soutenus toute la saison, ils doivent aussi être récompensés. Nous ferons notre possible pour décrocher le titre qui reste difficile car, à trois journées, rien n'est encore joué. On doit impérativement rester concentrés pour éviter toute mauvaise surprise. On est obligés de chercher des points à l'extérieur, à commencer dès ce lundi par le match contre le MCA à Alger, qu'on doit bien le négocier. R. A.