Prônant toujours “un partenariat privilégié” avec Ankara, la France semble déterminée à aller jusqu'au bout de la position affichée par son nouveau président, Nicolas Sarkozy, durant sa campagne présidentielle, où il rejette l'idée de l'entrée de la Turquie à l'UE. Jean-Pierre Jouyet, le nouveau secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, a clairement affichée, hier, le refus de Paris de voir la Turquie adhérer à l'UE. En prônant “la recherche de partenariat privilégié” entre ce pays et l'Union européenne (UE), conformément à la ligne défendue pendant la campagne présidentielle française par Nicolas Sarkozy, le responsable français ne laisse planer aucun doute quant à la détermination de Paris d'empêcher l'aboutissement du processus de négociations entamé par l'UE avec Ankara. Bien que l'éventualité du recours au veto n'ait pas été évoquée de manière franche, la France n'exclut pas d'y recourir pour bloquer la Turquie. Cette possibilité n'est pas encore à l'ordre du jour, du moins jusqu'au 30 juin prochain, pour ne pas altérer les excellents rapports franco-allemands, parce que Berlin présidera l'instance européenne pendant cette période. La France tentera de trouver un moyen de retarder la décision de l'UE sur l'ouverture de trois nouveaux chapitres thématiques dans les négociations d'adhésion de la Turquie, qui devrait intervenir en principe le 27 juin 2007. La parade serait de trouver un accord entre les 27 sur les grandes lignes d'un nouveau traité européen pour remplacer la Constitution rejetée par la France et les Pays-Bas, lors des référendums organisés dans les deux pays. En attendant, Jean-Pierre Jouyet, qui a déclaré être à “la recherche d'un partenariat privilégié” entre la Turquie et l'Union européenne. Soulignant qu'il était “à l'aise avec la position de Nicolas Sarkozy sur la Turquie”, il indique qu'il compte “faire en sorte que nous recherchions les voies d'un partenariat privilégié entre l'UE et la Turquie”. Pour justifier cette opposition, il mettra en avant le problème des frontières en Europe. “Vous avez le problème de la définition des frontières en Europe et on ne peut pas aller jusqu'à l'infini. Et là, je suis en accord complet avec Nicolas Sarkozy. C'est le problème qui est posé”, explique Jouyet. Affirmant que la position du nouveau chef de l'Etat français était “parfaitement claire” sur la question, le secrétaire d'Etat français ne donne néanmoins pas davantage de détails sur la volonté de son gouvernement de bloquer les négociations d'adhésion de la Turquie. Pour rappel, Nicolas Sarkozy a souvent exprimé, lors de la campagne présidentielle, son opposition à une adhésion de la Turquie à l'UE, préconisant plutôt un “partenariat privilégié” entre l'Union et Ankara. Cela dit, la Turquie ne veut pas entendre parler d'un tel partenariat, considérant que la seule issue aux négociations avec l'Union ne peut être qu'une adhésion pure et simple à l'UE. Cela augure d'une crise au sein de l'Union européenne avec le début de l'été. K. ABDELKAMEL