Le président français se dit convaincu que l'approfondissement de la relation d'exception entre l'Algérie et la France doit constituer une priorité commune. Quelques jours après son installation à l'Elysée, Nicolas Sarkozy commence à exposer sa vision de la politique étrangère de la France. A petits pas, à petites doses, le nouveau président français annonce la couleur. Dans un message adressé hier au président Bouteflika, le nouveau locataire de l'Elysée lève le voile sur un petit pan de sa stratégie diplomatique au niveau du Bassin méditerranéen. «Avec les pays de l'espace méditerranéen, je souhaite, en effet, que nous bâtissions une union pour relever ensemble, et avec succès, les défis qui nous sont communs» écrit Nicolas Sarkozy. La consolidation des relations entre les pays du pourtour méditerranéen ne peut se réaliser, à en croire les propos du président français, qu'avec l'Union méditerranéenne. Cette politique succédera ainsi à celle tentée, par l'Union européenne, à travers le processus de Barcelone. Lequel processus, signé en 1995, a essuyé un échec que d'aucuns qualifient de cinglant. Les observateurs estiment que le nonaboutissement de ce processus de partenariat euro-méditerranéen est dû au manque de suivi observé de part et d'autre. Aussi, cette politique n'arrange, en fin de compte, que les pays du Nord, puisque leur but primordial et principal est celui de contrecarrer le phénomène de l'immigration clandestine. Un véritable casse-tête chinois que le nouveau président français ne compte pas aller de main morte pour l'éradiquer. Et c'est dans ce but précis que Nicolas Sarkozy commence, d'ores et déjà, à prôner l'Union méditerranéenne. On peut même déceler un message prononcé avec des mots à peine voilés, à l'adresse de la Turquie qui n'a de cesse de revendiquer son adhésion à l'Union européenne. Il faut rappeler, dans ce contexte, que Nicolas Sarkozy a souvent exprimé, lors de la campagne présidentielle, son opposition à une adhésion de la Turquie à l'UE, préconisant plutôt un «partenariat privilégié» entre l'UE et Ankara. Chose que la Turquie écarte du revers de la main, considérant que la seule issue envisageable n'est autre que son adhésion pure et simple à l'Union européenne. Il est donc fort probable que la France mette son veto, le 30 juin prochain lors de la réunion des 27, au ralliement de la Turquie à l'UE. Paris préférerait, plutôt, intégrer la Turquie dans le cadre de son projet d'Union méditerranéenne. En outre, c'est la même politique, celle du «partenariat privilégié», que Sarkozy entend adopter avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, à leur tête l'Algérie. «Comme vous, je suis convaincu que l'approfondissement de la relation d'exception entre l'Algérie et la France doit constituer une priorité commune, car il répond aux attentes de nos deux peuples et pourra, j'en suis sûr, servir de modèle aux rapprochements nécessaires de part et d'autre de la Méditerranée» écrit le président français dans son message au chef de l'Etat. Sarkozy n'est pas à un point près d'ignorer que les conditions émises par les pays de la rive sud de la Méditerranée, dont l'Algérie, sont inhérentes à la liberté de la circulation des personnes. Revendication que le président français ne voit apparemment pas du bon oeil. Appliquant ainsi la politique du leader de l'extrême droite, Le Pen, qui déclare son amour pour les Arabes «à condition qu'ils restent chez eux». Par ailleurs, le président français, dans sa missive adressée à Bouteflika, réitère sa position quant aux relations qu'il espère renforcer avec l'Algérie. Des relations basées sur la «coopération et le respect mutuel auquel nous sommes tous deux attachés».