La Turquie n'a que des chances limitées d'adhérer à l'UE.Ce pays est jugé éligible à faire partie de l'OTAN, mais pas de l'Europe. Le président français est l'un des adversaires virulents de cette adhésion. Nicolas Sarkozy n'a, de ce fait même, que peu apprécié le soutien apporté par le président américain à la Turquie. La chancelière allemande, Angela Merkel, semble lui emboîter le pas, en oubliant qu'il y a une très forte communauté turque en Allemagne. Parmi les griefs retenus contre la Turquie, certaines capitales européennes, dont Paris, ont objecté le dossier des Arméniens de Turquie en avançant des accusations de génocide. Il se trouve que dans le même temps, Erevan et Ankara sont en train d'amorcer des approches significatives. Le président turc, Abdallah Ghul, s'est rendu en Arménie il y a quelques mois. De son côté, le président arménien, Serge Sarkissian, a pu rencontrer récemment en Suisse, le Premier ministre turc, Erdogan. Hier enfin, le ministre arménien des Affaires étrangères, Edourad Nalbandien, était attendu en Turquie. Tous ces gestes forts indiquent à l'évidence que la question arménienne ne serait qu'instrumentalisée si elle continuait à servir de prétexte au rejet de la candidature de la Turquie à l'UE. Londres adopte une position plus mesurée qui laisse la porte ouverte. Il faudrait expliquer aux Européens pourquoi la Turquie peut être membre de l'OTAN, de l'espace sportif et culturel européen, mais en aucun cas de l'UE, pour des raisons qui ne sont pas explicites. Est-ce parce que la population turque avoisine les 100 millions d'habitants et qu'elle est musulmane ? Ou bien encore parce que la Turquie est présentée par les adversaires à son adhésion à l'UE comme un pays asiatique ? La question se poserait alors, à cet égard, de savoir en quoi Israël est plus proche de l'Europe que la Turquie. Il y a assurément trop de non-dits autour de cette adhésion à l'UE d'un pays dont bien des esprits pragmatiques reconnaissent aujourd'hui, y compris en France, qu'il constituera un vecteur de croissance au delà de sa position stratégique dans une zone sensible de l'Europe. En lançant l'idée de l'Union pour la Méditerranée, le président français, fort de sa conviction que la Turquie n'avait pas sa place en Europe, pensait proposer à ce pays un espace de substitution. Ce qui revenait à donner à la Turquie ce dont elle n'avait absolument pas besoin. En s'irritant du soutien du président Barack Obama à l'entrée de la Turquie dans l'UE, Nicolas affiche encore une fois une intransigence en forme de véto. Cette façon de faire ne consiste-t-elle pas à insulter l'avenir ?