Les eaux du barrage de Koudiat Lemdouar, commune de Timgad, et les trois retenues collinaires qui sont déjà presque remplies pourraient sauver la mise en attendant la clémence du ciel. L'absence de pluie ces derniers mois dans la wilaya de Batna risque d'être préjudiciable à la céréaliculture, gourmande en eau d'irrigation. La superficie ensemencée lors de l'année agricole précédente et estimée à 172 350 hectares serait loin d'être égalée lors de cette saison agricole au vu de l'étendue des terres qui ne sont pas encore labourées. Les cultivateurs, qui font encore preuve de réserve et de prudence, ne se sont pas lancés dans les labours, en l'absence des eaux d'irrigation (barrage et retenues collinaires) et de pluviosité en quantité. Si la situation se maintient au stade où elle est actuellement, désormais elle sera lourde de conséquence sur le paysage socioéconomique de la région de Batna. Les précipitations enregistrées à la fin de l'année 2006, précisément durant la période des mois de septembre, octobre, novembre et décembre, sont inférieures, au minimum nécessaires par rapport aux précipitations enregistrées à la même période des deux dernières campagnes agricoles 2004-2005 et 2005-2006. Durant cette dernière campagne, il a été enregistré une quantité de 209,8 mm. L'absence de pluies qui sévit actuellement a déjà enregistré des faits effroyables avec de lourdes conséquences sur la pâture. La pénurie de la nourriture des animaux est fort ressentie, sans parler de la cherté et des prix exorbitants qui ont “vidé les éleveurs de leur sang”. Les plaintes des agriculteurs, spécialement les éleveurs, en disent long sur la situation de dèche qui prévaut sur le terrain. Le quintal du son est fixé à 2 000 DA dans certains douars les plus enclavés. La mercuriale monte ! Les éleveurs sont obligés d'acheter du fourrage, de l'avoine, de l'orge, du son et les compléments alimentaires pour nourrir leur bétail. Les cheptels sont maintenus sous perfusion. “Lahchich (l'herbe) pour le pâturage c'est trop tard”, nous apprend un fellah de la région qui ajoute : “Il reste l'espoir pour les céréales, à condition qu'il pleuve pendant les mois de janvier, février et mars.” Ainsi, faute des eaux d'irrigation des barrages et des retenues collinaires, tout se jouera et tout dépendra de la clémence du ciel, s'il pleut pendant les périodes favorables. Sinon, l'année agricole est hypothéquée. Dans cette contrée où les précipitations ne dépassent guère les 200 mm par an, tout est tributaire des eaux d'irrigation, sinon les conséquences écologiques ne se feront pas attendre. Certains fellahs, à l'exemple de ceux de la commune de Chemora, lancent déjà un cri de détresse en direction des autorités de la wilaya et les responsables de l'ANBT pour d'éventuels lâchers d'eau pour l'irrigation de leurs terres en période de germination, très favorables aux céréalicultures, en attendant des jours meilleurs. Lors de la dernière visite du wali de Batna à la daïra de Chemora, les fellahs de cette région lui ont fait part de leurs préoccupations. Le premier responsable de la wilaya leur a promis de prendre leurs doléances en considération. Les eaux du barrage de Koudiat Lemdouar, commune de Timgad, et les trois retenues collinaires qui sont déjà presque remplies pourraient sauver la mise en attendant la clémence du ciel. La saison agricole n'est pas réjouissante à cause des conditions climatiques très défavorables et les fellahs ne sont pas prêts à prendre le risque. “Les dépenses, si l'année tire à sa fin dans ces conditions, seront fatales pour la pérennité de plusieurs exploitations”, selon un des céréaliers de la région. Malgré cela, l'espoir persiste. La saison agricole, selon des optimistes, n'est pas totalement perdue. “El kessra (la récolte) pourrait venir au mois de mars.” En attendant les eaux d'irrigation et une pluviosité favorable, les terres labourables continuent à se réduire comme une peau de chagrin. B. Boumaïla