Cette bourgade, qui regroupe pas moins de 135 foyers dont le nombre d'habitants dépasse largement 1 000 âmes, est située à équidistance des villes de Tizi Ghenif (Tizi Ouzou) et de Chabet El Ameur (Boumerdès), sur la RN68, communément appelée la route d'Alger. “Où sont vos promesses ?” telle est la première question que nous posa un jeune rencontré devant le café maure de la localité, croyant que ce sont des responsables venus encore une fois faire une autre opération de recensement dans cette cité. Après leur avoir décliné notre identité, chacun des jeunes attablés sur la terrasse voulait intervenir. Les citoyens désignèrent un représentant pour nous accompagner à l'intérieur de cette cité qui date de l'ère coloniale. Il s'agit là de la cité de Tamdikt relevant de la compétence territoriale de M'kira (à quelque 70 kilomètres à l'extrême sud de Tizi Ouzou). Cette bourgade, qui regroupe pas moins de 135 foyers, dont le nombre d'habitants dépasse largement 1 000 âmes, est située à équidistance des villes de Tizi Ghenif (Tizi Ouzou) et de Chabet El Ameur (Boumerdès), sur la RN68, communément appelée la route d'Alger. De loin, le voyageur peut imaginer les conditions intenables dans lesquelles vivent les citoyens de ce patelin. Egrenant toutes les petites misères de ses concitoyens avant d'entrer dans les méandres de cette cité, notre accompagnateur nous montra ainsi ce qui reste de la guérite du camp militaire français qui avait longtemps servi de camp de concentration. Pour y accéder à l'intérieur, il faudra emprunter un chemin entièrement dégradé qui n'a pas subi de réfection depuis des lustres. Ses allées sont tout simplement impraticables en raison des dernières intempéries. “Pour ces allées, les anciens responsables de la commune ont juré de ne pas les revêtir, même pas avec du tuf. Pourtant, ce n'est pas une telle matière qui manque à M'kira, puisque celle-ci en renferme un gisement. Néanmoins, celui-ci est utilisé pour autre chose”, ironisait notre guide. De l'extérieur, on peut voir ces bâtisses qui cachent tout. D'anciennes cellules en parpaing recouvertes de vieilles plaques en zinc. Des cours qui ne dépassent pas quelques mètres. C'est la promiscuité la plus totale à laquelle s'ajoute l'insalubrité. “Regardez toutes ces fissures. Elles datent du séisme de mai 2003. Et dire combien de fois on a vu venir des équipes techniques pour recenser les cas et les dégâts…”, ajoute notre guide. Un vieil habitant lui coupe la parole : “Expliquez-lui qu'on nous a gavés de promesses”, précisant qu'au “au moins deux walis de Tizi Ouzou sont passés par là.” Cet intervenant évoque alors une de ces promesses : “Je me souviens très bien du nom du wali, M. Ouali. Quant il a inauguré le réseau d'électricité le 1er novembre 1999, il nous avait promis la restructuration. En plus du terrain, une aide de 25 millions de centimes. Depuis rien !” Notre guide abonda dans le même sens en nous apprenant que les autorités locales leur ont aussi proposé des chalets après le séisme en attendant la restructuration de l'ensemble de la cité. Les habitants de Tamdikt souffrent énormément. Ni leur recasement ni encore moins la restructuration n'ont vu le jour. “La dernière promesse est celle de la résorption de cet habitat précaire. Pour celle-ci, c'est une autre histoire, puisque ce terrain appartiendrait à un privé qui aurait demandé son indemnisation”, nous apprend notre guide. Interrogé quant à l'alimentation en eau potable et l'assainissement, le représentant de la cité répond à chaque fois par la négative. L'eau potable n'arrive que rarement. Pour l'assainissement, chacun a une fosse sceptique. Tout au long de note visite à l'intérieur de ces taudis, nous n'avons eu droit qu'à des scènes de désolation, pourtant le président de la République insiste souvent sur l'éradication de tous ces bidonvilles. “C'est la face cachée de la misère”, conclut notre accompagnateur en espérant d'avoir relaté avec exactitude la misère dans laquelle baignent ses concitoyens. “Dites à nos responsables que nous sommes, à Tamdkit, de véritable damnés de la terre. Si le colonel Ali Melah et tous les martyrs savaient que nous vivrons misérablement après presque un demi-siècle d'indépendance…”, déplore un sexagénaire sans achever sa phrase. O. ghilÈs