L'idée d'une révision constitutionnelle, injectée dans le débat public dernièrement par Abdelaziz Belkhadem, ne déplaît pas trop au Mouvement démocratique et social (MDS). À la condition que les changements qui seraient apportés à l'actuelle loi fondamentale du pays doivent être en phase avec les mutations de la société. “Oui il faut un débat, mais le centre de gravité de ce débat doit être la nature de l'Etat”, soutient Ali Hocine, secrétaire général par intérim du MDS, lors d'une conférence de presse animée hier en son siège national. Dans la philosophie du parti de Hachemi Chérif, cela veut dire qu'il faut mettre un terme à la nature hybride de l'Etat. C'est-à-dire éliminer les contradictions qui la minent en séparant le politique du religieux. Ali Hocine ne craint pas moins que “cette exigence risque de dévoyer le vrai débat”. Ses critiques les plus acerbes, Ali Hocine les a réservées au projet de réconciliation nationale et d'amnistie générale de Abdelaziz Bouteflika qui, de son avis, a favorisé le “redéploiement terroriste” et privé la société “d'une résistance et d'une victoire acquise de haute lutte contre le terrorisme islamiste”. “La promesse d'amnistie et de réconciliation finalement rassure encore les islamistes en armes en les assurant par avance de l'impunité. Alors que l'amnistie et la réconciliation sont présentées comme des recettes miracles, leurs simples effets d'annonce n'aboutissent en fait qu'à prolonger la durée de vie du terrorisme”, relève-t-il. S'il convient donc que la société algérienne a besoin “du rétablissement de la paix”, il ne pense pas moins qu'il doit se faire “autour d'un consensus fondé sur les valeurs républicaines et modernes et non pas sur un compromis avec les islamistes”. Pour ce qui est de la suppression de la filière sciences islamiques au lycée, Ali Hocine ne s'en est pas trop félicité estimant que “cette question n'est pas tout”. “On continue d'insister sur la nécessité d'imprégner notre enseignement de valeurs islamiques au lieu de projeter l'école dans l'avenir pour former des citoyens au sens moderne du terme”, précise-t-il. C'est avec le même scepticisme qu'est accueillie la campagne “mains propres” menée ces derniers temps par les pouvoirs publics. “Ces opérations ne sont pas très sérieuses. Dès que les ramifications commencent à monter un peu plus haut on arrête tout. Le pouvoir ne veut pas se rendre à l'évidence que ce n'est pas des cas isolés mais c'est la règle générale. C'est un système qui est gangrené par la corruption et les rapports de clientélisme”, affirme-t-il. Sur un plan plus général, Ali Hocine n'a pas été très tendre avec le président de la république l'accusant de vouloir “mettre au pas la société civile, en particulier la presse”. “Le discours officiel du président altère et pervertit la vérité et le sens de l'histoire, tentant d'imposer une vision unilatérale et arbitraire, pour dénier toute demande pressante de démocratie dans la société”. Sur le plan strictement organique, le MDS a décidé de reporter son congrès pour les 22 et 23 décembre prochain qui élira une nouvelle direction. Un pré-congrès sera tenu le 14 juillet au CIP pour débattre des projets de programme du parti et de la résolution politique. ARAB CHIH