Alors que le secrétaire général du MDS accuse le Président d'utiliser les moyens de l'Etat pour s'assurer un second mandat, tout en consolidant ses positions dans les appareils, le responsable de l'UNJA se déclare en faveur de la candidature de Ali Benflis en apportant à ce dernier quelque 230 000 voix pour l'élection de 2004. Pour Ali Rachedi, il n'existe pas, pour le moment, de débat politique sérieux, du fait de “la fausse bipolarisation” entretenue entre le président de la République et son ex-Chef de gouvernement. El-Hachemi Chérif l'a déclaré Hier “Bouteflika doit remettre son mandat” Le leader du MDS affirme que le chef de l'Etat est “passible de sanctions constitutionnelles”. Pour le secrétaire général du Mouvement démocratique et social (MDS), El-Hachemi Chérif, la prochaine élection présidentielle “est déjà en cours”, puisque “le président de la République se donne tous les moyens de l'Etat pour rempiler un second mandat”. Et si Bouteflika s'impose, il mettra en pratique tout ce qu'il n'a pas pu concrétiser lors de son premier mandat, c'est-à-dire “ses options libérales et islamistes”. En effet, dans une conférence de presse, animée hier au siège national de son parti, El-Hachemi Chérif a déclaré : “Certes, Bouteflika n'a pas gagné de positions dans la société, il continue même à en perdre. Mais, il consolide ses appuis dans les appareils à partir de sa position prépondérante au sommet de l'Etat qui lui permet d'avoir entre ses mains l'initiative stratégique. Son objectif n'est pas seulement de se faire élire mais d'imposer le projet de société auquel il est attaché…” Mais, au regard de son bilan catastrophique, Bouteflika doit démissionner, estime El-Hachemi Chérif. “Par ses atteintes avérées à la loi, à la Constitution, aux intérêts stratégiques du pays, par ses pratiques de répression, de régionalisme et de népotisme, sa suspicion non réfutée d'implication dans des scandales d'affaires, Bouteflika sombre dans la forfaiture et devient passible de sanctions constitutionnelles. Il devrait remettre son mandat avant qu'il ne mène l'Algérie à l'implosion”, a-t-il soutenu. Mais, d'ores et déjà, le patron du MDS présume que la prochaine présidentielle se jouera entre Bouteflika et Benflis. “Les luttes pour le contrôle du FLN via les appareils de l'Etat révèlent au grand jour le degré de putréfaction du système et d'aiguisement des contradictions et des conflits entre un pôle incarné par Bouteflika qui s'efforce de faire basculer l'Algérie dans une démarche néo-libérale islamisante (…) et un pôle représenté par Benflis qui ne propose que le maintien du système en l'état et, au mieux, des velléités de réformes non confirmées par la pratique passée et présente du FLN.” Aussi, El-Hachemi Chérif prévient les démocrates de commettre l'erreur de participer à la prochaine élection et de “se fier à des changements s'opérant au sommet de l'Etat”. La solution ? La refondation de la classe politique dans le mouvement de la refondation de l'Etat. En procédant à la révision en profondeur de la Constitution et à la dissolution des formations islamistes et des partis-Etat (le FLN et le RND). Comment réaliser ces chantiers ? Se donner une période de transition qui sera gérée par l'ensemble des forces politiques et sociales démocratiques. Aussi, le MDS affiche “sa disponibilité à l'action unie”. Sur la dernière sortie médiatique de Khaled Nezzar, le secrétaire général du MDS dira qu'au-delà de la critique de la gestion de Bouteflika, les militaires, dont Nezzar, doivent faire leur autocritique, en reconnaissant l'erreur commise en 1999 en choisissant Bouteflika. Invité à commenter les dernières déclarations du général Mohammed Touati critiquant les courtisans de l'armée, El-Hachemi Chérif assène : “C'est vrai que l'institution militaire fait l'objet de beaucoup de flatteries. Mais, c'est la nature de l'Etat plaçant l'ANP au centre du pouvoir qui a fait que tout le monde regarde de son côté. En ce qui concerne le MDS, il est toujours avec l'ANP dans sa lutte contre le terrorisme. Mais Touati et les autres doivent comprendre que l'ANP n'est par leur propriété, mais celle du peuple algérien.” Arab Chih La feuille de route de Ali Rachedi “Les 100 propositions pour sortir de la crise” Le porte-parole du parti Essabil a annoncé, hier, que le congrès constitutif de sa formation se tiendra début janvier prochain. Dans une conférence de presse qu'il a animée à Alger, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Ali Rachedi a déclaré qu'il a “contribué à briser le black-out” qui entoure la prochaine échéance électorale, avec l'annonce précoce de sa candidature. Il a déploré plus loin “l'absence de débat sérieux”, en rejetant la faute sur la “fausse bipolarisation” entretenue entre le président de la République et son ex-Chef de gouvernement. M. Ali Rachedi a également affirmé qu'il vient de “casser un autre mur”, en rendant publique sa feuille de route, à travers les “100 propositions pour sortir de la crise”. Le candidat à l'élection présidentielle a plaidé pour la révision de la Constitution prévoyant “une séparation et un équilibre des pouvoirs” et de nouvelles ouvertures, telles que la liberté dans la création des associations, syndicats, partis et journaux, sans agrément ni autorisation préalable pour se réunir, le retour au scrutin majoritaire, la suppression des ministères des Moudjahidine, des Affaires religieuses et de l'Information et l'abandon de l'état d'exception, de même que la privatisation des sociétés d'imprimeries publiques et la dissolution de la presse gouvernementale. Le document d'Essabil s'est voulu complet, touchant à la politique, à l'économie, au social et à la culture. Il revendique “un statut de langue officielle” pour tamazight dans les régions berbérophones. Il appelle également à la suppression du “cumul des postes” de Président et de ministre de la Défense nationale. Il préconise un “dispositif politique de destitution” du premier magistrat du pays pour “sanctionner les violations de la Loi fondamentale”. Le même document suggère de revoir à la baisse “l'usage du décret présidentiel” et prône l'abandon du tiers désigné du Conseil de la nation. Il soutient la réforme des structures de l'Etat qui doit viser surtout “la déconcentration, la décentralisation et l'externalisation des missions non essentielles”. Il propose un revenu d'insertion (RSI) équivalent à 50% du Snmg pour les jeunes âgés de 20 à 25 ans, ainsi que la réduction de la durée du Service national, en encourageant “la forme civile”. “Nous devons cesser de regarder les échéances électorales en termes de X ou Y, mais en termes de propositions concrètes pour sortir de la crise et en termes de programmes des candidats”, a relevé Ali Rachedi. Interrogé sur le dernier livre du général Nezzar, le conférencier a déclaré que celui-ci ne lui a “rien appris de particulier”, si ce n'est une certaine “culture politique du passé plus que du présent”. Au sujet du front social qui se distingue actuellement par les mouvements de grève, le porte-parole d'Essabil a estimé que “le mouvement social est une dynamique favorable pour un changement”. Hafida Ameyar Belaïd Abdelaziz, SG de l'UNJA, persiste et signe “Benflis est notre candidat” Contrairement à ce que tentent d'accréditer certains membres de l'organisation, relayés par “l'Unique” qui s'est empressée de diffuser un “prétendu” communiqué de dénonciation, la “mythique” Union générale de la jeunesse algérienne (UNJA) a adopté, jeudi 16 octobre, à l'unanimité, la motion de soutien à Ali Benflis comme candidat du FLN à l'élection présidentielle de l'an prochain. Selon le Dr Abdelaziz Belaïd, secrétaire général de l'organisation, excepté un seul, les 157 membres présents sur les 179 que compte le conseil national se sont prononcés en faveur du patron du FLN. “La résolution a été adoptée à l'unanimité. Il est vrai que certains ont émis le vœu d'attendre car, visiblement, ils veulent prendre le bâton par le milieu, mais nous, on ne fait pas de calculs, on a décidé de prendre une position et toutes les structures de base sont d'accord”, a expliqué, hier, Abdelaziz Belaïd, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'organisation à Alger. Pourtant, un communiqué, lu jeudi soir à la Télévision algérienne et attribué à certains membres du conseil national, faisait état d'une “prise de distance” par rapport à cette résolution. Par ailleurs, des informations colportées par certains médias prêtent à l'ex-secrétaire général de l'organisation, actuel ministre-délégué à la ville, en l'occurrence Abderrachid Boukerzaza, l'intention de créer une autre structure parallèle dans l'objectif d'apporter le soutien au président Abdelaziz Bouteflika. Des arguments qu'essuie d'un revers de la main le secrétaire général de l'Unja. “C'est un communiqué fantôme et Boukerzaza nous a envoyé un message d'excuse”, soutient-il. Comme pour corroborer ses propos, il rappelle que tous les travaux du conseil ont été filmés. Pourquoi ne pas convoquer un congrès extraordinaire ? “Les statuts et le règlement intérieur de l'organisation sont clairs. Le conseil a la prérogative de prendre une décision et puis un congrès ça se prépare, cela demande beaucoup de moyens. On ne veut pas de congrès préfabriqué”, justifie-t-il. L'organisation qui se targue de compter plus de 230 000 adhérents, un véritable gisement électoral, est disposée à mobiliser tous les moyens humains pour l'élection de secrétaire général du FLN. “Benflis est notre candidat”, martèle-t-il, même si, maladroitement, il affirme que “l'organisation est autonome et qu'elle n'est pas affiliée au FLN”. “Le FLN est un partenaire, on prend position pour un programme et c'est un devoir”, explique-t-il. À la question sur les sources de financement de cette organisation de “masse”, pour reprendre une expression des années de plomb, Abdelaziz Belaïd soutient que “l'UNJA dispose d'un patrimoine dans chaque wilaya et qu'elle ne reçoit aucune subvention de la part des pouvoirs publics”. “On a seulement un contrat-programme avec le ministère de la Jeunesse concernant certaines activités”, précise-t-il. Toutefois, en dépit de ces assurances, l'UNJA n'est pas à l'abri du syndrome qui affecte l'ex-parti unique. Il y a quelques jours, l'IGF a envoyé des mises en demeure à l'UNJA pour enquêter sur les fonds de gestion du Festival international de la jeunesse tenu en 2001. “L'IGF était étonnée de ne rien découvrir”, explique Abdelaziz Belaïd. À ses yeux, ces “manœuvres” ne sont que des “intimidations” de la part du cercle présidentiel. “Ils veulent le redressement de l'UNJA et peut-être demain de nos maisons !”, ironise-t-il. Enfin, il estime que la décision du Conseil d'Etat a redonné un peu de “crédibilité” à la justice. KARIM KEBIR