Plusieurs organisations et formations politiques ont réagi hier suite au changement opéré à la tête du gouvernement par le chef de l'Etat. Certains ont affiché leur satisfaction, d'autres, par contre, ont été très critiques quant à la nomination de Abdelaziz Belkhadem à la tête de l'Exécutif, en remplacement de Ahmed Ouyahia. C'est d'ailleurs le cas du Mouvement démocratique et social (MDS) qui considère cette nomination comme l'expression de la grave détérioration des rapports de forces. « Elle est un démenti cinglant à toutes les illusions d'une possible sortie de crise portée par un pouvoir, incarné par M. Bouteflika, qui tourne le dos aux sacrifices du peuple algérien », expliquent les responsables du MDS qui affirment sans détour que le chef de l'Etat a nommé à la tête du gouvernement de la République un des chefs de file de l'islamisme. « Belkhadem le nouveau chef du gouvernement est un militant de la réconciliation du FIS, parti des assassins, un des défenseurs acharnés du contrat de Rome, consécration par excellence du ‘‘Qui tue qui ?'' et de la mise en accusation des institutions de la République et de l'ensemble des patriotes qui ont résisté à l'islamisme et à son bras armé le terrorisme. » Ce coup de force contre la République n'est pas un acte banal, souligne le MDS dans un communiqué rendu public, mais il est la conséquence logique et prévisible du processus continu de concessions à l'islamisme couronné par l'Alliance islamo-conservatrice. M. Ouyahia, homme du système, n'est pas une victime innocente dans cette affaire, puisque, selon le MDS, il a porté dans cette grave dérive une lourde responsabilité par la caution apportée à ce processus dans l'Alliance présidentielle. Les militants du MDS sont persuadés que le changement à la tête du gouvernement confirme le caractère biaisé et antidémocratique du processus électoraliste qui a porté Bouteflika à la tête de l'Etat. Le MDS estime, en outre, que les forces démocratiques doivent réagir. « La nomination de Belkhadem ouvre la voie aux plus graves dérives. Sa banalisation serait mortelle pour l'Algérie et son avenir démocratique. Nous appelons alors l'ensemble des forces démocratiques et patriotiques, en tirant les leçons de leurs expériences, à se ressaisir et à engager une alternative démocratique de sortie de crise », expliquent les responsables du MDS. Le Parti du renouveau algérien (PRA) s'est réjouit, quant à lui, du départ de Ahmed Ouyahia et de la désignation de M. Belkhadem à la tête de l'Exécutif. Le chef de file de ce parti, Abderzak Ismaïl, a expliqué dans un communiqué rendu public hier que le changement opéré à la tête du gouvernement était, entre autres, une revendication de sa formation. Aujourd'hui, le PRA demande au nouveau chef de l'Exécutif l'association de l'ensemble des formations politiques aux décisions importantes et surtout l'implication de tout le monde pour ce qui est du projet relatif à la révision de la Constitution et la préparation des prochaines échéances électorales. De son côté, le Parti des travailleurs (PT) estime que le nouveau gouvernement doit accorder la priorité à la question des salaires et à la consécration de la souveraineté nationale. Pour sa part, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), estime que la désignation par le premier magistrat du pays de M. Belkhadem à la tête du gouvernement « témoigne de la confiance placée à l'endroit de Belkhadem pour son patriotisme, ses compétences et son engagement au service de la nation. Cette nomination est aussi synonyme d'espoir pour les travailleurs qui aspirent à l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail ». L'UGTA réitère sa disponibilité au dialogue et à la concertation, ciment de la stabilité, de la cohésion sociale et de la paix. « Nous sommes convaincus que la conjugaison de nos efforts constitue un garant du développement économique et social ainsi que de l'émancipation de notre pays », affirme le responsable de la centrale syndicale. Comme l'UGTA, l'Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC) a exprimé hier aussi son « soutien » au nouveau chef du gouvernement dans la perspective « de la concrétisation des attentes du peuple algérien pour la dignité et la prospérité et la consécration de l'Etat de droit à la faveur de la bonne gouvernance ».