Criminalité ou pur banditisme, le phénomène ne semble pas reculer d'un iota dans la wilaya de Tizi Ouzou, parallèlement touchée par la présence de groupes terroristes. Comme le montre un bilan officiel, la situation a même empiré ces derniers mois. Les agressions physiques en tête des crimes et délits sont à l'origine de l'arrestation, durant la période allant du 1er janvier au 28 mai, de 112 personnes dont 72 ont été mises sous mandat de dépôt pour coups et blessures, violences et menaces. Au volet police économique, 3 personnes ont été arrêtées et présentées devant la justice pour vente illicite de boissons alcoolisées. La marchandise saisie est estimée à plus de 108 millions de centimes. De même que plusieurs autres affaires ont été élucidées pendant la même période et ayant trait à l'homicide volontaire avec préméditation commis sur quatre personnes dans la commune de Ouaguenoune. Un pistolet de type Beretta et un fusil de chasse à canon scié ont été récupérés. Une affaire de kidnapping et de séquestration d'une jeune fille au niveau d'un cabaret clandestin à Boghni a permis l'arrestation de 19 personnes, dont 16 mises sous mandat de dépôt. La jeune fille a été libérée. Dans la commune des Ouadhias, une affaire de coups et blessures volontaires a été élucidée. Le bilan révèle un point très sensible, celui de l'utilisation fréquente d'armes à feu dans les agressions. 7 armes de poing, essentiellement des Beretta, ont été récupérées durant cette période. Nous traitions dans ces mêmes colonnes (édition du dimanche 27 mai) une affaire de trafic d'armes à M'sila et dont le réseau a des ramifications jusque dans la wilaya de Tizi Ouzou, où les armes aboutissent. La recrudescence de la criminalité, conclut le bilan, trouve ses raisons dans la consommation de la drogue et de l'alcool, deux vecteurs qui ne sont pas en effet étrangers au taux élevé du suicide que connaît la wilaya. Durant les cinq premiers mois de 2007, pas moins de 26 cas ont été enregistrés alors que 35 véhicules de différents types ont été volés. Le sacrilège commis au vu et au su... Le commandant de groupement de Tizi Ouzou, le lieutenant-colonel Salim Benazouz, est très affairé en ce deuxième jour des portes ouvertes de la gendarmerie, inaugurées mercredi par le wali de Tizi Ouzou en compagnie de personnalités civiles et militaires et des représentants d'organisations et d'associations locales. L'officier supérieur relate non sans désolation la situation que vivent certaines communes isolées en matière d'insécurité. “Il y a un phénomène inacceptable, l'introduction de la boisson alcoolisée au sein même du village. Un lieu sacré et respecté par des dizaines de générations. Aujourd'hui, le sacrilège est commis au vu et au su de tous”, dit-il. Il cite un autre exemple à Beni Yenni où un citoyen sans scrupules s'est mis à vendre de l'alcool aux jeunes lycéens jusqu'au jour où des gendarmes se sont déplacés sur les lieux pour interpeller et arrêter le mis en cause. Il enchaîne avec l'histoire de ce père venu dénoncer son fils reconverti en semeur de poison. Le rejeton a accaparé une partie du jardin familial pour y planter du haschich. Cinq affaires ont été traitées dans ce cadre au niveau du sud du chef-lieu de wilaya (Ouadhias-Maâtkas). La gendarmerie intervient souvent, bien que manquant d'effectifs. “Nous ne pouvons rester les bras croisés devant pareilles situations. Des efforts sont consentis pour assurer la sécurité des communes où les brigades sont fermées. Pour rappel, plus 700 gendarmes ont été mobilisés lors des dernières élections au niveau des coins les plus reculés de la wilaya. Il arrive aussi qu'une seule brigade assure la couverture de six ou sept communes, comme c'est le cas de la distance allant de Sidi Naâmane à Tigzirt. Dans ce cas, c'est la brigade de Tizi Ouzou qui prend en charge les communes en question”, explique notre interlocuteur. Interrogé sur les éventuelles mesures quant au retour annoncé des gendarmes dans les brigades fermées, il rassure que le dossier est pris en charge par les instances. Toutefois, il confie que 15 unités vont ouvrir en 2008, parmi elles on compte 3 Unités de sécurité routière (USR). “Progressivement, nous atteindrons les normes prévoyant une brigade par commune. Actuellement, ce qui pose problème, c'est le manque de terrains domaniaux. Une raison principale qui retarde l'installation des brigades. Vous comprenez donc pourquoi les criminels profitent de ce vide pour semer la terreur au sein d'une population isolée. Mais tout finira par rentrer dans l'ordre. Question de temps.” En attendant, la criminalité impose sa loi à Larbaâ Nath Irathen, à Azazga, a Aghribs ou à Aït Chafaâ. Le banditisme crée une situation favorable au terrorisme. En somme, l'un travaille pour l'autre. La population, inquiète, attend avec impatience. ALI FARèS