Des armes d'assaut (kalachnikov et mitrailleurs) ont été utilisées dans les multiples agressions et braquages de banques. Cela n'est pas le fruit du hasard mais plutôt une suite logique de la longue décennie noire du terrorisme vécue âprement par la population. Depuis quelque temps, le terrorisme s'estompe graduellement et sensiblement et le taux de nuisance des groupes du Gspc, GIA et autres, tend à s'affaiblir des suites de scissions. Une vérité facile à confirmer au vu du constat d'une sensible baisse des actes terroristes. Cependant, le phénomène du banditisme, sous diverses formes, semble prendre le relais dans les agglomérations et dans les zones urbaines. Les rackets, les agressions et braquages à main armée, les homicides, la prostitution et bien d'autres formes du crime se comptent par centaine de milliers, poussant les stratagèmes des services de sécurité à élaborer et mettre en place des dispositifs qui ont, par carence de répression de l'appareil judiciaire, donné des résultats quelque peu latents. Devant cette réalité, les responsables de la sécurité ont créé de nouvelles structures spécialisées dans la traque des criminels. En clair, tous les efforts consentis par les éléments opérationnels des services de sécurité ne semblent pas ralentir l'avancée dramatique du phénomène du crime en Algérie. Pire encore, les criminels, tablant sur «les faiblesses de la justice» osent «narguer les garants de l'ordre». Il faut dire que la détérioration du niveau de vie a conduit la population, à majorité jeune, à se livrer aux pratiques criminelles avec la certitude que «le pouvoir de l'argent, corollaire du crime, peut leur faire acquérir le pardon en recourant à la tchipa». A ce sujet, il est certain que tant que la corruption à divers niveaux, est de mise, le crime trouvera toute sa raison d'être. Prenant conscience du pouvoir de l'argent, les criminels composant des réseaux diffus et parfois des réseaux transnationaux «saignent à blanc notre économie en se livrant à la fabrication de la fausse monnaie». Cet ensemble de délits de petite et moyenne criminalité sont plus difficiles à maîtriser par les services de sécurité au vu de leur ampleur et de leurs spécificités. Des milliers d'armes blanches et à feu ont été saisies ou retrouvées en divers endroits par les services de sécurité, tous corps confondus. Des cadavres présentant des traces de violence ont également été retrouvés illustrant parfaitement la montée du crime. Hormis les armes blanches détenues par des milliers de jeunes, les armes à feu sont utilisées dans des agressions à main armée. Selon les statistiques substantielles des services de sécurité, il est fait état de la saisie d'un grand nombre d'armes à feu. Même des munitions (balles et cartouches pour fusils de chasse) ont été retrouvées, dissimulées en certains endroits de la capitale et ailleurs. Les multiples braquages de banques à main armée de la part de groupuscules cagoulés et parfois à visage découvert, dénotent l'audace des criminels et confirment l'émergence d'une nouvelle forme de banditisme où les armes d'assaut (kalachnikov, et autres mitrailleurs, PA etc.) sont utilisées. Le dernier hold-up de la BDL d'El Kseur (Béjaïa) ou celui de la station d'essence ou de la pharmacie de Sidi-Aïch dans la même wilaya en sont des exemples édifiants. A rappeler que des actes similaires et obéissant aux mêmes modes opératoires ont été enregistrés durant les deux dernières années et notamment en Kabylie. Le braquage de la banque de Tizi Ouzou où quelque 30 milliards de centimes ont été dérobés, survenu au début de la crise qui a secoué cette région et qui a contraint la gendarmerie nationale à se redéployer et à quitter la capitale des Genêts, a prouvé l'esprit calculateur des assaillants. Ce cas a auguré, en tout état de cause, de la naissance du banditisme armé. Les braquages de banques et convois de fonds sont opérés, dans certains cas, avec une minutie digne de professionnels. C'est dire que dans bien des cas, il n'a fallu que quelques courts moments aux ravisseurs pour délester la banque ou le convoi de grosses sommes. Le casse de la Bcia d'Oran reflète, à juste titre, la parfaite connaissance par les casseurs des mesures de sécurité (système d'alarme...) dans les banques. Ces derniers ont prouvé leurs capacités à contourner ces mesures dissuasives. Sur cette question, les enquêteurs ont, parfois, établi et confirmé la complicité d'agents exerçant au sein des institutions visées. Le cambriolage de la BDL du square Port Saïd ou, grâce à la complicité de l'agent de sécurité quelque 11 milliards de centimes ont été subtilisés. Comme dans la plupart des cas, ces actes de banditisme sont partiellement solutionnés et une partie du butin récupéré. Il demeure que cette nouvelle forme de criminalité post-terroriste, inquiète au plus haut point les services de sécurité tant elle touche toutes les couches de la société et implique, parfois, des personnes évoluant en des sphères insoupçonnées. Les multiples grâces présidentielles à l'encontre de milliers de détenus aggravent davantage la situation et exacerbe l'inquiétude des services en charge de la sécurité publique. Et on continue à vanter la loi sur la concorde civile!