Les spécialistes affirment que la guerre contre le banditisme doit s'accompagner d'une prise en charge de la jeunesse. Vendredi dernier, un jeune de 35 ans a été mortellement poignardé en plein centre-ville de Tizi Ouzou. Cet acte intervient au moment où une relative sécurité se faisait sentir. La lutte sans relâche face à la délinquance commence, certes, à porter ses fruits. Mais, la situation demeure encore inquiétante dans la ville des Genêts. De fait, il apparaît que parallèlement à la guerre déclarée à la criminalité, une autre offensive doit être lancée contre les causes objectives et subjectives de ce fléau. II y a une semaine, la mendicité a reçu un coup fatal. Les femmes utilisant les enfants pour mendier ont été interpellées. Ces derniers jours, cette pratique a complètement disparu des trottoirs de la ville alors qu'auparavant, des dizaines envahissaient le centre-ville. Au summum de l'exploitation des enfants, il y a des mois, des groupes de mendiants ont instauré un système de fiscalité original. Les mendiants devaient payer une taxe pour la place tenue sur le trottoir pendant la journée. Sur un autre plan, les vols sont allés crescendo dans tous les recoins de la ville. Les citoyens n'étaient en sécurité nulle part dans la ville de Tizi Ouzou. Beaucoup de femmes ont été agressées en plein centre-ville et se sont vues délestées des bijoux qu'elles portaient. Des bandes de pickpockets bien organisées sévissent dans les marchés, essentiellement informels très nombreux dans la ville des Genêts. Cette situation d'insécurité urbaine s'est étendue dans les communes avoisinantes. Elle a atteint des degrés alarmants éloignant toute velléité d'investissement dans la wilaya. Selon les bilans des services de sécurité fournis au premier semestre de l'année, la criminalité est toujours en hausse. Pour les infractions économiques, la Sûreté de Tizi Ouzou a enregistré en tout, 144 affaires en 2009 contre 174 durant toute l'année 2008. Sur un autre registre, les services de la police font état dans leur bilan de 928 vols et infractions commis durant les six mois de cette année. Pour les affaires relatives aux atteintes aux personnes, l'on a noté 509 affaires en 2009, 979 en 2008 et 1 125 en 2007. La police de la ville des Genêts n'a pas chômé durant le premier semestre, c'est, en fait, le moins que l'on puisse dire. Dans son rapport, la Sûreté de wilaya a indiqué que 84 mineurs ont été victimes de violence morale et physique. En 2008, le chiffre n'était que de 36 mineurs, la hausse dans le registre est flagrante, comme l'est aussi le nombre de mineurs impliqués dans différentes affaires, 35 en 2009 et 25 seulement pour toute l'année 2008. Selon certaines voix habilitées, la situation des communes est étroitement liée à la dégradation du cadre de vie dans la ville. Ces effets sur la ville de Tizi Ouzou, de leur côté, ne tarderont pas à s'étendre vers d'autres wilayas, essentiellement les plus proches. C'est en raison, toujours selon les mêmes voix, du non-traitement de ce mal à son début que naît le crime organisé qui risque de porter atteinte aux fondements même d'un pays. Aussi, des spécialistes du phénomène de la criminalité affirment que la guerre au banditisme, sous toutes ses formes, doit s'accompagner d'une prise en charge de la jeunesse. Le chômage et la mal-vie qu'il engendre en sont, par conséquent et en grande partie, les causes. Ainsi, même si Tizi Ouzou commence à respirer la tranquillité, il n'en demeure pas moins que le chemin est encore long vers...le bien-être.