La secrétaire d'Etat américaine vient d'achever à Madrid une tournée européenne placée pour vendre le parapluie antimissile que les Américains veulent installer aux portes de le Russie. Mme Rice est cependant retournée bredouille car pour Bush c'est déjà la voie de sortie : il quitte la Maison-Blanche en novembre 2008 et sur la pointe des pieds puisqu'il aura échoué sur toute la ligne concernant sa politique étrangère. Que ce soit dans le cadre de la préparation du G8, mercredi dernier, en Allemagne (Potsdam), dans celui du quartette pour le Proche-Orient, le soir même à Berlin, ou encore à Madrid durant le week-end, le ton offensif de la chef de la diplomatie américaine n'a pas convaincu. Pourtant, elle a même essayé de raviver chez ses interlocuteurs la flamme atlantiste en pointant du doigt le réveil de l'ours russe. Moscou s'oppose farouchement au projet américain de bouclier antimissile en Europe ainsi qu'à la résolution de la Maison-Blanche d'accorder l'indépendance au Kosovo, à laquelle Poutine reste fermement opposé. Alors que l'administration du président George W. Bush ne dispose plus que de 18 mois pour montrer des résultats, Mme Rice s'est rendu à l'évidence que Washington doit composer avec Moscou, non seulement sur les dossiers de l'Europe centrale mais aussi sur les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, sur le Liban ou encore le conflit israélo-palestinien. Mme Rice n'a plus d'autre argument que de prévenir le Kremlin que la Maison-Blanche continuerait de dénoncer le manque de réformes démocratiques en Russie, assurant cependant que ce pays n'était pas l'ennemie des Etats-Unis. Bush a essayé de calmer la guerre froide en invitant son homologue russe à venir passer deux jours dans sa maison de famille sur la côte est américaine début juillet. Auparavant, l'AIEA s'était retrouvée sous les foudres de la secrétaire d'Etat lorsque son directeur Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix, a suggéré d'engager le dialogue avec le régime iranien sur la question de l'enrichissement de l'uranium. Ce n'est pas l'AIEA qui négocie avec l'Iran, a sèchement rétorqué Mme Rice. De nouvelles déclarations d'El Baradei dénonçant les cinglés qui envisagent de bombarder l'Iran, ont valu vendredi au patron de l'AIEA une nouvelle réprimande. L'AIEA est une agence de l'ONU, or son Conseil de sécurité a parlé, devait lui répondre Mme Rice. Bush tente de faire la promotion de son parapluie en déclarant que le dispositif vise à préserver les Européens d'attaques nucléaires nord- coréennes et iraniennes ! D. B.