La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, se rend en République tchèque la semaine prochaine pour signer un accord sur le déploiement controversé d'une partie du bouclier antimissile américain, avec, en toile de fond, des craintes d'un regain de tension avec Moscou. Des responsables américains n'ont pas exclu que Mme Rice fasse aussi une étape en Pologne pour éventuellement parapher un accord similaire toujours en négociation, aux termes duquel dix intercepteurs de missiles seraient déployés sur le sol polonais pour compléter le radar devant être installé en République tchèque. Mais vendredi, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a réitéré les exigences de la Pologne en matière de sécurité et affirmé que les négociations continuaient. Les Etats-Unis souhaitent déployer ce bouclier antimissile dans les nations d'Europe centrale d'ici à 2011-2013, pour contrer d'éventuelles attaques lancées par des Etats comme l'Iran. Mais la Russie a dénoncé ce projet qui représente, selon elle, une menace pour sa sécurité. Selon des experts, si ces accords avec les pays d'Europe centrale se concrétisent, Washington peut s'attendre à encore moins de coopération de la part de Moscou sur des dossiers chauds comme celui du nucléaire iranien. «La bonne volonté russe d'aider quand les Etats-Unis auront besoin de Moscou va encore descendre de quelques crans», prédit Anatol Lievin, professeur au King's College London et consultant à la New America Foundation, un centre de recherche à Washington. Mme Rice quittera Washington demain pour entamer son périple européen qui la conduira «en République tchèque pour signer un accord sur le système antimissile», a indiqué, en fin de semaine, Sean McCormack, le porte-parole du département d'Etat. Selon la presse tchèque, Mme Rice arrivera à Prague le 8 juillet. Ce projet de déploiement du radar américain sur le territoire tchèque avait été avalisé par l'Otan lors de son Sommet en avril, à Bucarest. Mais l'opinion publique en République tchèque et en Pologne est en majorité opposée à ce système de défense. Jugeant «insuffisantes» les réponses américaines à ses préoccupations sur sa propre sécurité, la Pologne a réclamé, vendredi, en contrepartie de son accord, la présence permanente sur son sol de systèmes de défense antiaérienne de type Patriot. «L'installation du bouclier crée de nouvelles menaces et si le bouclier ne peut pas répondre à toutes ces menaces, nous avons besoin d'autres éléments techniques, comme par exemple des missiles Patriot sur le sol polonais», a expliqué le Premier ministre polonais, parlant de revendications réalistes et fondées. Les Etats-Unis avaient dit, précédemment, qu'en cas d'échec des tractations avec Varsovie, la Lituanie pourrait éventuellement être une alternative pour y installer la batterie antimissile. Pour tenter d'apaiser les inquiétudes des Russes suscitées par ce projet de système antimissile à proximité de leur territoire, Washington a offert à Moscou, ces derniers mois, la possibilité d'exercer un contrôle des sites en Europe centrale et de coopérer sur la défense antimissile en général, mais sans succès apparent. Dans un éditorial récent, le Washington Post estimait que ce dossier devrait être pris en charge par le prochain président américain qui sera élu en novembre. Selon le quotidien, l'administration Bush «précipite la conclusion d'accords prématurés et coûteux» avec les Tchèques et les Polonais, tout en reconnaissant que ce système antimissile pourrait être utile.