Huit jeunes Algériens, qui tentaient de rejoindre l'île de la Sardaigne (Italie), ont trouvé la mort, à quelque miles des côtes de la ville tunisienne Kilibia, non loin de Annaba. Leur mort remonte à la fin de la semaine dernière. Tandis qu'au moins une vingtaine d'autres aventuriers sont portés disparus, sept des huit victimes, qui naviguaient sans papiers d'identité, autrement dit non encore identifiés, se trouvent actuellement dans les hôpitaux tunisiens, alors qu'une d'entre-elles, un certain Hadef Mourad, un jeune de 30 ans, originaire de la commune de Tréat, 30 km à l'ouest de Annaba, a été rapatriée avant-hier, révèlent nos sources. Son cadavre a été récupéré dans la matinée de dimanche par des membres de sa famille au poste frontalier d'Oum Teboul, dans la wilaya d'El-Tarf, et a été inhumé dans l'après-midi de la même journée, apprend-on auprès des mêmes sources. Nous avons tenté de nous rapprocher du consulat de Tunisie à Annaba, mais en raison de l'absence du premier responsable, seul, dit-on, habilité à communiquer ce genre d'information, aucun des employés n'était disponible à répondre à nos interrogations. À rappeler qu'une pauvre famille de la cité Elisa de Annaba souffre le martyre depuis plusieurs semaines, puisque le cadavre de son fils, Benyahia Mohamed Lakhdar, âgé de 24 ans, décédé au début du mois dernier et rejeté par les eaux de la mer sur les côtes espagnoles, se trouve toujours dans la morgue d'un hôpital espagnol. Selon des proches de la victime, les autorités espagnoles ont exigé 7 000 euros, l'équivalent de 70 millions de centimes, pour le transfert de la dépouille. Il faut rappeler que 33 cadavres de harragas, dont la plupart étaient dans un état de décomposition très avancé, ont été repêchés, durant l'année 2006, au large de la façade maritime de l'est du pays, selon des sources officielles. Ces dernières victimes seraient-elles des harragas d'origine annabie ? Tout porte à le croire, car depuis la fameuse soirée du 31 décembre 2006, ou un “hidjra mounadhama” (voyage collectif organisé) à bord d'une vingtaine d'embarcations avait eu lieu au niveau de la plage de Sidi-Salem (El-Bouni), l'on assiste à une véritable fièvre d'El-harga (émigration clandestine), qui s'est emparée de la jeunesse locale. Depuis, et malgré le mauvais temps, chaque semaine, des voyages clandestins sont signalés un peu partout à partir des plages non gardées de la Coquette, en témoigne le cas des 39 personnes sauvées d'une mort certaine en l'espace de moins de 12 heures (24 et 25 avril 2007) par des bateaux marchands étrangers à quelque 25 miles à 35 miles au nord du cap de garde de Ras El-Hamra de Annaba. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics ont décidé de mettre en œuvre d'autres moyens pour faire face à de véritables “vagues” d'immigrants clandestins. Dans ce même contexte, une enquête approfondie est menée actuellement par les enquêteurs du groupement de la Gendarmerie nationale de Annaba auprès des jeunes bénéficiaires de bateaux de pêche dans le cadre de l'Ansej. Certaines sources proches de ces services révèlent à ce propos, que plusieurs d'entre eux ont reconnu avoir vendu illicitement leurs embarcations au profit des harragas. Des investigations ont été également lancées du côté des cités de Juano et Sidi-Salem, dans la commune d'El-Bouni, pour remonter la filière, spécialisée dans la confection illicite des embarcations de fortune, qui échappait à tout contrôle jusqu'ici. Selon les propres aveux de certains candidats à l'immigration illicite arrêtés, chacun d'eux avait versé 60 000 dinars pour l'acquisition du matériel leur permettant de rejoindre l'île de la Sardaigne (Italie). La plupart des harragas arrêtés depuis le mois de janvier dernier, grâce aux permanentes opérations planifiées dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine, par les éléments du groupement territorial des garde-côtes (GTGC) de la wilaya de Annaba, sont originaires de Annaba. Mieux encore, certains d'entre eux que nous avons pu approcher lors de leur présentation à la justice, ne semblent pas lâcher prise ou perdre espoir de refaire la même aventure, et ce, malgré le danger de mort qui les guette lors de leur traversée de la grande bleue à bord des barques, surnommées à Annaba les “embarcations de la mort”. B. BADIS