Depuis hier se tient à Alger une conférence internationale, organisée par le Haut-Commissariat de la langue arabe ayant pour thème la langue arabe et ses dialectes. Si l'arabe classique est la langue officielle de l'ensemble des pays appartenant à cette région du monde, il existe autant de dialectes et également de variantes propres à chaque région d'un pays. Mais, ce n'est pas de ce constat, établi depuis des lustres, que devront débattre les intervenants lors de cette rencontre organisée par le Haut-Commissariat de la langue arabe. Deux jours durant, ces universitaires, arabes et européens, évoqueront les moyens de raffinement et de rapprochement de ces dérivés de la langue officielle qui restent le seul moyen de communication véritablement utilisé au quotidien. En dehors des relations politiques ou économiques jusqu'à présent inexistantes entre les pays arabes, la langue arabe reste le seul lien qui unit ces pays, a notamment déclaré le Libyen Abdelmalek Mortadh, premier à prendre la parole. Avant lui, Mohamed Ould Khalifa, président du Haut-Commissariat de la langue arabe, a attiré l'attention de l'assistance sur les dangers qui guettent cette langue. Ces menaces émanent, de son point de vue, des autres langues diffusées à travers le monde par les nouvelles technologies de la communication. Sur cet aspect, la langue arabe accuse un retard considérable, a souligné Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture. “Nous avons un pied dans le passé que nous n'avons pas encore assimilé et un autre dans l'avenir dont nous ne détenons pas les outils nécessaires à sa maîtrise”. La ministre a suggéré une simplification de la grammaire pour un meilleur enseignement de cette langue et a donné l'exemple des Mille et Une Nuits, une des plus merveilleuses histoires de l'humanité, rédigée dans la langue arabe proche de celle couramment utilisée. De son côté, Abdelkader El-Fassi El-Fahri, du bureau de coordination de l'arabisation de Rabat a pris comme exemple la Corée qui connaît “une croissance appuyée qui la classe parmi les pays où le bien-être est des plus appréciables”, a-t-il souligné. “Le rapport du programme des Nations unies pour le développement se base aussi sur le niveau des connaissances et la rapidité avec laquelle ce savoir est diffusé. Ce degré d'évolution est passé par la simplification et l'unification de la langue. Il existe dans ce pays 120 chaînes de télé privées. Mais, toutes diffusent en Coréen unifié”. Et afin d'illustrer le retard qu'accusent les pays arabes dans la transmission du savoir, il dira qu'en Israël, par exemple, un individu lit 80 livres par an alors que dans les pays arabes “80 individus lisent un seul livre par année”. En attendant que ces proportions se renversent, les intervenants traiteront aujourd'hui des relations des dialectes avec l'arabe classique et des efforts, jusque-là fournis, par les organismes spécialisés dans le rapprochement entre l'arabe et ses dialectes. Cette rencontre entre dans le cadre de la manifestation “Alger, capitale de la culture arabe” et comporte également deux ateliers qui traiteront de la production littéraire en dialectal et des perspectives qu'offrent les supports audiovisuels. SAMIR BENMALEK