Avant même que la saison estivale s'ouvre, du moins officiellement, des jeunes écervelés n'ont pas attendu le feu vert des autorités locales pour se noyer. Entre les plages d'Oran, d'Aïn Témouchent, de Mostaganem et de Beni Saf, une quinzaine d'adultes et d'adolescents y ont déjà perdu la vie.Mais au-delà de ces problèmes de sécurité qui se poseront encore cette année malgré l'armada de précautions qui a été décidée, et que l'inconscience des baigneurs prendra toujours en défaut, les gestionnaires ont-ils fait leur bilan et retenu les leçons des saisons précédentes ? A priori non, puisque le littoral, à une nuance près, sera couvert cette fois encore par les mêmes plagistes. C'est-à-dire les mêmes prestataires de services dont le “plus” consiste à abreuver les estivants du matin au soir d'un raï douteux qui ne sied ni aux enfants, encore moins aux familles. En fait, ce phénomène raï beuglant est devenu, à force de laxisme, une tendance commerciale dans la mesure où il a déjà contaminé même les transports privés urbains. Comme si les voyageurs avaient besoin de s'étourdir la tête le long de tous les arrêts. Vous ne pouvez pas prendre aujourd'hui un bus à Oran sans que vous soyez agressé par une cassette raï lâchée à fond la caisse par un chauffeur en short… et tricot de peau. Il est clair également, pour en revenir aux plages, qu'elles ne seront pas d'accès gratuit malgré les différentes injonctions des administrations et les promesses municipales. Il est également à parier, comme chaque année, que l'alimentation qui sera vendue au bord de l'eau ne passera par aucun contrôle sanitaire. Que ce soient les beignets, les gâteaux, les sandwichs, le pain, les m'hadjeb ou les limonades. Et lorsqu'une intoxication se déclare, tout le monde, comme chaque année, pousse des cris scandalisés, des cris d'orfraie. Et ne parlons pas des débits de boisson, des cafés, des fast-foods, des restaurants, des bungalows, des cabanons et autres hôtels dont les normes d'hygiène n'ont jamais été tenues à jour ou si peu. Dernière illustration de l'inertie ambiante en matière de sécurité : malgré un arrêt du wali fixant à 600 mètres du rivage les pistes des jet-skis, de nombreux engins faisant fi de la loi évoluent en toute quiétude au ras des berges… au niveau des têtes immergées des baigneurs. Et comme l'habitude est une seconde nature… M. MOHAMMEDI