Le nombre de militaires américains tués en Irak, depuis l'invasion de mars 2003, a dépassé les 3 500 après la mort, hier, de trois soldats dans un attentat suicide au sud de Bagdad, alors que des renforts américains continuent à être déversés dans le pays. Depuis début juin, 28 militaires américains ont été tués après un mois de mai qui avait été le plus meurtrier pour l'armée américaine dans le pays depuis novembre 2004, avec la mort de 123 soldats. La plupart d'entre eux ont été tués dans des attentats et des affrontements avec les insurgés à Bagdad et au nord de la capitale, notamment dans la province de Diyala. Le Pentagone explique ce bilan sanglant par la stratégie adoptée en début d'année (!), dont la priorité est de mettre fin à l'escalade de violences, en particulier à Bagdad, avec l'aide de nouveaux renforts. Près de 85 000 soldats américains et irakiens sont mobilisés dans le cadre du plan de sécurisation de Bagdad, lancé il y a près de quatre mois par le président Bush en dépit des mises en garde de son Congrès. “Nous allons dans des endroits où nous n'allions pas forcément auparavant”, a tenté d'expliquer fin mai le général américain Perry Wiggins, directeur adjoint des opérations régionales à l'état-major interarmées. Le président Bush avait annoncé, de son côté, le 24 mai, s'attendre à d'intenses combats dans les semaines et les mois à venir. Après l'arrivée prochaine des derniers renforts, 160 000 soldats américains seront déployés en Irak. Mais, un nouveau conseiller de Bush, le général Douglas Lute, a émis des doutes sur cette stratégie affirmant que les renforts n'auront que des conséquences localisées et limitées dans le temps. Il sait de quoi il parle. Enfin, comme pour remonter le moral de ses troupes, la hiérarchie de l'armée américaine a annoncé le ralliement de responsables tribaux sunnites de la province de Salaheddine (nord de Bagdad) aux autorités provinciales dans la lutte contre Al-Qaïda. Le ralliement de coalitions tribales, formées en partie d'anciens insurgés, à la lutte contre Al-Qaïda, fait désormais partie de la stratégie des services américains. Dans la province d'Anbar, bastion de l'insurrection sunnite dans l'ouest de l'Irak, une alliance de chefs tribaux, Le Réveil d'Anbar, épaule les forces de sécurité irakiennes et les militaires américains dans leur lutte contre Al-Qaïda. C'est du moins ce que dit Washington. D. Bouatta