Signe d'une nouvelle vision, d'une nouvelle ère, l'ANP, particulièrement son unité spéciale, s'est ouverte au public à l'occasion de la sortie de promotions de l'Ecole des forces spéciales de Biskra. Cette option inédite a bien valu cette attente sous un soleil qui a tôt commencé à sortir ses dards. On est impressionné d'emblée de se retrouver en face de ces gens sur lesquels ont été bien entretenues des légendes. Les paras commandos sont en face, se préparant qui à la parade qui à la démonstration. Ce décor est enrobé dans les décibels des chants patriotiques distillés par les haut-parleurs. Lorsque le commandant de la 4e Région militaire, le général Chérif Abderrezak arrive, une ambiance solennelle s'installe. Dans son allocution d'ouverture, le directeur de l'Ecole des forces spéciales a mis l'accent sur la formation poussée des soldats, son adaptation selon les moyens et techniques modernes, leurs compétences, et surtout leurs missions. “Il s'agit d'un entraînement spécial, d'un enseignement appuyé des nouvelles techniques et technologies pour les préparer à assumer leurs missions”, a-t-il indiqué. Cette formation est dispensée par les différents corps d'armée, mais aussi par des partenaires étrangers et un perfectionnement des experts, a précisé le commandant de l'école. Il s'agit en fait de leur “enseigner” différentes disciplines avec une formation de qualité où l'activité intense et la rigueur sont le maître mot. Leurs missions, comme pour tous les soldats, est la défense de la sécurité du territoire national. Mais, c'est aussi la lutte contre les groupes terroristes “qu'il faut éradiquer à la racine” a souligné l'officier. Capacité qu'ils auront d'ailleurs à démontrer à travers d'impressionnantes démonstrations. Le général inspecte les unités, prestation de serment, puis distribution de 10 brevets pour les plus performants. On relèvera parmi eux un Palestinien. Jusque-là, on est encore dans l'impression des parades ordinaires et des promotions habituelles. Le clou du spectacle commence avec la présentation de l'unité d'élite, de combat aux allures tout à fait différentes des autres parachutistes. L'unité de combat Kouksoul. Torse nu, pieds nus, ils lancent des cris de fauve. Cela rappelle étrangement les ris des films sur les arts martiaux. Le Kouksoul est un art martial qui allie à la fois les techniques de combat à main nue, la bagarre, les combats de rue et avec des armes. Les éléments de cette unité, tous des jeunes, excellent dans ce domaine. Force, concentration, usage perfectionné des armes, blanche ou à feu, sont utilisés dans le but de “liquider l'ennemi”, les ennemis, libérer des otages. Une démonstration sur une opération de libération d'otages, dans un lieu pris d'assaut, dans un convoi. Par petits groupes, ils se sont relayés pour des combats à main nue, contre un ennemi armé, vient ensuite l'exhibition de la “casse”. Des tuiles en feu cassées à main nue, avec le coude ou encore ce soldat qui le fait d'un “coup de boule”. Comme dans un cirque, ils se livrent à des exercices de combat en traversant des cerceaux en flamme, des barricades avant d'achever l'ennemi. Alors qu'un d'entre eux livre son corps aux coups de planches qui se cassent, un autre plante des clous avec sa main sous les applaudissements des invités, les autorités civiles et militaires locales et de la région ainsi que la presse, conviée pour la première fois à ce genre d'activité. L'exercice qui restera peut-être gravé pour longtemps pour les présents est celui du “fakir”. Un jeune soldat s'allonge sur le dos sur des tessons de verre, on lui pose une grosse pierre sur le ventre et un de ses camarades se chargera de la casser après plusieurs coups. “Le supplicié” se relèvera avec un cri et aucune trace sur son dos. Evidemment, cela se termine pour cette partie par le saut en parachute ; quatre parachutistes atterrissent sur la place d'armes. L'exercice ne s'arrêtera pas pourtant à ces exhibitions, il fallait passer à la démonstration “réelle” avec des armes réelles et des munitions réelles. Dans le champ de tir, première salve : lancer de couteaux et de baïonnettes. Les soldats peuvent lancer avec précision, des couteaux, des clous, des haches, des fourchettes, tous les moyens pour neutraliser l'ennemi. Avec une maîtrise des armes, un entraînement intensif et la connaissance du sol, les éléments de cette unité vont opérer d'abord en utilisant des armes de poing pour des tirs précis. Un combat de rue, en milieu urbain pour libérer des otages, assaut contre des preneurs d'otages. Tirs de précision avec l'AK, la fameuse kalachnikov et dans toutes et n'importe quelle position. Elimination d'un ennemi par l'explosion de son abri. Enfin, l'assaut contre une forteresse gardée. Appuyés par deux batteries de fusils mitrailleurs, les soldats évoluent, attaquent et avancent, font exploser des objectifs. Sous la couverture des mitrailleurs latéraux, dans la fumée, ils continuent d'avancer, d'éliminer des ennemis, des objectifs. Les lance-roquettes, qu'on n'a vus qu'une fois, entrent en jeu. On le reconnaît aux explosions, à la fumée noire qui monte dans le ciel. La forteresse tombe, le repli se fait comme l'assaut, sous la couverture des rafales. C'est après qu'on sut que l'exercice a été fait avec des munitions réelles. Impressionnant ! Groggy, pour une bonne partie de l'assistance, il fallait donc aller se reposer “les yeux” dans l'exposition où l'on trouve les méthodes de largage, les armes, les munitions, les roquettes, les grenades, les mines, les fusils, les techniques de bricolage pour la survie, les communications et bien entendu une salle de sport équipée de tous les moyens et machines. Après avoir “visionné” en live cela, on s'assure alors que les “commandos Biskra” existent et qu'il ne s'agit pas d'une légende. Mais il faut reconnaître qu'ils n'ont rien à voir avec le soldat classique et conventionnel. Ce qui explique, sans doute, l'insistance du commandant de l'école sur “la lutte contre le terrorisme jusqu'à son éradication”. Et certainement sûr que le Kouksoul apportera une grande part à ce combat. D. B.