Le sommet de Charm El Cheikh vise à isoler le mouvement islamiste palestinien et à renforcer le chef de l'Autorité palestinienne qui n'est pas sorti indemne du bras de fer qui l'a opposé à son ex-chef du gouvernement aux couleurs islamistes. Un sommet réunira, aujourd'hui, le Premier ministre israélien Ehud Olmert, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Hosni Moubarak, dans la station balnéaire égyptienne de Charm El Cheikh sur la mer Rouge. Officiellement, il s'agit de discuter des moyens de promouvoir les idées modérées et de faire progresser les questions israélo-palestiniennes. Réfutant l'idée d'un remake de Camp David, Abed Rabbo, proche collaborateur de Mahmoud Abbas, a prévenu que ce sommet est celui de la dernière chance et qu'il doit permettre de jauger les intentions véritables d'Israël quant à la reprise des négociations de paix en vue de mettre fin à l'occupation israélienne et d'établir un Etat palestinien, le préalable étant la levée du blocus économique qui frappe les territoires palestiniens et des points de contrôle qui asphyxient les Palestiniens. Mais, auparavant, l'Autorité palestinienne devra donner de nouveaux gages en s'engageant à ne plus faire cas de Hamas et même à combattre les islamistes palestiniens. C'est le président égyptien, l'hôte du sommet quadripartite, qui l'a implicitement annoncé en qualifiant, la veille de l'arrivée d'Abbas, d'Olmert et d'Abdallah II, la prise de pouvoir du Hamas à Gaza de coup de force contre la légitimité. Il ne fait donc pas de doute que le sommet de Charm El Cheikh vise à isoler le mouvement islamiste palestinien et à renforcer le chef de l'Autorité palestinienne qui n'est pas sorti indemne du bras de fer qui l'a opposé à son ex-chef du gouvernement aux couleurs islamistes. Les participants au sommet pourraient aller jusqu'à décider de fournir une aide militaire au Fatah d'Abbas. La Ligue arabe ne s'est pas déterminée, se contentant de réitérer des principes dans sa langue de bois alors que l'Egypte s'était départie de sa position de médiateur en condamnant la rébellion de Hamas. Déjà aux prises avec l'opposition de ses propres Frères musulmans, le président Moubarak ne peut tolérer à sa frontière orientale un Hamas land (mini-Etat islamiste), ont estimé les commentateurs de la scène moyen-orientale. Le Caire a tout de suite approuvé la décision d'Abbas de mettre sur pied un gouvernement de crise en remplacement du défunt cabinet d'unité entre le Fatah et le Hamas, qu'Ismaïl Haniyeh assure continuer à diriger à Gaza. Isolé, ce dernier a lancé avant-hier un appel au dialogue entre factions palestiniennes rivales sur la base du principe ni gagnant ni perdant afin de reformer un nouveau gouvernement d'union, mais les dirigeants du Fatah ont rétorqué qu'il n'y aurait plus de dialogue avec Hamas. Depuis la prise de contrôle de Gaza par le Hamas, la semaine dernière, les puissances occidentales et Israël jouent la carte d'Abbas en reprenant leur aide financière et économique en Cisjordanie. Le gouvernement israélien devait également approuver, hier, une série de mesures incluant, à la demande de Washington, un allégement des restrictions à la libre circulation en Cisjordanie et le reversement à Abbas de 400 millions de dollars de taxes et de droits de douanes perçus gelés depuis la victoire électorale du Hamas, en janvier 2006. Il est même question de transférer à terme, aux forces de sécurité d'Abbas, une partie des responsabilités en matière de sécurité assumées à l'heure actuelle par l'armée israélienne en Cisjordanie. Aux yeux de ses détracteurs, le président de l'Autorité palestinienne serait sur la voie de Camp David. Les islamistes en sont persuadés et l'ont condamné comme traître. D. Bouatta