“Il y a un danger réel, péril en la demeure. C'est notre jeunesse qui est ciblée avec une augmentation de 100% du nombre de consommateurs de cannabis de 2002 à 2004 dont l'âge de 85% d'entre eux ne dépasse pas 35 ans”, a déclaré M. Abdelmalek Sayah, DG de l'Office national de la lutte contre la drogue et la toxicomanie. “Le kif ou la zatla.” C'est le compagnon fidèle de tous les solitaires mélancoliques. Les jeunes se roulent des joints sur la place publique, à l'école, à l'université ou au travail ; ils se passent joyeusement le pétard de l'amitié d'une main à l'autre sans être tous des junkies. Ils disent trouver dans la drogue un effet apaisant, réconfortant, indéniable… Plus encore, c'est une relation d'amour qui se crée entre le toxicomane et la toxine. Une relation sensuelle, passionnée et surtout indispensable. On sait tous comment ça commence, mais on ne connaît jamais comment ça se termine. Voilà ce qui ressort des témoignages du court-métrage projeté hier par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), lors d'un séminaire organisé par cet office avec l'appui du groupe Pompidou, à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Sous le thème du “Rôle du mouvement associatif dans le domaine de la prévention contre la drogue”, le séminaire a pour objectif principal d'organiser et dynamiser l'action du mouvement associatif activant dans le domaine de la lutte contre la drogue et d'orienter de façon à travailler confortement aux objectifs définis par le Plan directeur national de lutte contre la drogue (PDN). “Il y a un danger réel, péril en la demeure. C'est notre jeunesse qui est ciblée avec une augmentation de 100% du nombre de consommateurs de cannabis de 2002 à 2004 dont l'âge de 85% d'entre eux ne dépasse pas 35 ans. Signalons que cette substance est la plus consommée en Algérie suivie par les psychotropes, ce qui constitue un danger en évolution”, a déclaré M. Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de la lutte contre la drogue et la toxicomanie, lors de sa communication. Evoquant l'augmentation de la consommation de drogue en Algérie, notamment chez les jeunes, M. Sayah a averti du danger qui nous guette. “L'Algérie risque de passer de pays transitaire à celui de consommateur de drogue”, a-t-il déclaré avant d'ajouter que près de 73,87% de la quantité de cannabis de fabrication marocaine ont transité par l'Algérie à destination de l'Europe, via la Tunisie, la Libye ou par les grands ports algériens ; 26,13% des quantités sont orientées vers la consommation locale. Il a précisé que les régions de l'ouest du pays sont les plus touchées par le trafic qui se fait généralement par route à bord de camions semi-remorques. Abdelmalek Sayeh a rendu publiques quelques statistiques des quantités de drogue saisies à l'échelle nationale. Pour l'année 2006, 10 046,586 kilogrammes de résine de cannabis et 319 014 comprimés ont été saisis par les services de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Pour le premier trimestre de l'année 2007, 5,837 tonnes de cannabis ont été saisies, sachant que pour l'année 2006, plus de 10 tonnes ont été récupérées. En ce qui concerne la justice, 86 832 affaires de drogue ont été traitées en dix ans. Il faut savoir que 84,85% des accusés sont âgés de moins de 35 ans. Pour ce qui est des représentants du service de pharmacotoxicologie du CHU d'Oran, ils soulignent la nécessité de favoriser une plus grande cohérence du dispositif de prise en charge des toxicomanes afin de faire face au problème de santé publique. Selon eux, une meilleure coordination des intervenants dans les domaines des soins et de la réinsertion des personnes dépendantes est nécessaire afin que ces personnes soient accompagnées et prises en charge. À propos du rôle des associations, les participants au séminaire ont affirmé que les actions de proximité sont les plus bénéfiques car elles touchent particulièrement les quartiers populaires et les établissements pédagogiques. “La communication en direction des jeunes aura pour objectif la prise de conscience de l'usage à risque et l'abus des substances toxiques ainsi que les effets négatifs pour les consommateurs tels que l'altération de la mémoire, des performances psychomotrices et sexuelles, le risque d'accidents ainsi que les actes criminels”, ont-ils indiqué. Dans le même contexte, M. Bob Keizer, représentant de l'institut Trimbos, a axé son intervention sur l'importance de la communication en matière d'information et de sensibilisation contre les dangers de la drogue. Rappelons que l'Office de lutte contre la drogue et la toxicomanie a proposé un projet au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales qui permettra l'implication effective des walis dans la lutte contre la drogue. Nabila A.