Décidément, même les soirs de triomphales victoires ne sont pas garantis de tranquillité et de sérénité au Mouloudia d'Alger. Alors que le succès en Coupe d'Algérie était toujours fêté dans la rue par des milliers de Chnaoua, dans les coulisses du Doyen l'on se déchirait à belles dents. Cela s'est passé vendredi soir, à l'hôtel Hilton, en marge du dîner organisé par la direction en l'honneur des acteurs de la finale victorieuse de jeudi dernier. L'occasion était, en fait, toute propice au patron mouloudéen qu'est Rachid Maârif pour adresser ses vœux aux joueurs et au staff technique, les remerciant de rééditer la performance en finale pour la seconde saison d'affilée face au même adversaire usmiste et de l'octroi au club d'une sixième consécration dans l'épreuve la plus populaire. À la faveur donc de cette fin d'exercice réussie, l'actuel ambassadeur à Rome et président d'honneur démissionnaire de l'association El-Mouloudia, Maârif, estime dans son allocution à l'adresse des sociétaires du MCA que “le bilan de la saison qui vient de se terminer est quand même positif et que, par ricochet, ceux qui ont œuvré pour que cette réussite se concrétise, les joueurs en premier lieu, soient récompensés de leurs efforts”. C'est là que l'homme fort de l'état-major du Doyen indiqua aux joueurs que comme ils attendent que leur argent leur soit remis, “la direction s'occupera de cela cette semaine”. En termes plus clairs, Maârif en présence de tous les dirigeants actuels du MCA a assuré aux joueurs qu'il percevront leur “argent”, c'est-à-dire la seconde tranche de la prime de signature et la prime de la victoire en Coupe d'Algérie qui est de l'ordre de 40 millions de centimes, dans les prochains jours. Une “décision” qui n'a, cependant et au grand dam des joueurs, pas été “entérinée” ensuite par le président du directoire, Ketrandji, qui, dans son intervention, informa les joueurs de l'intention de son bureau de ne remettre aux joueurs “que 20%” de leurs primes de signature alors que “les 30% restants seront perçus incessamment selon le rendement de chacun”. Ketrandji souhaitait en fait utiliser les 30% restants comme moyen de pression et de conviction pour les “fins de contrat” afin de les inciter à rempiler pour qu'ils puissent prétendre percevoir leur dû. N'approuvant aucunement “l'échéancier” établi par Ketrandji pour le règlement des 50% représentant la seconde tranche de la prime de signature, les joueurs se sont tout bonnement révoltés. “Ce n'est pas juste, nous nous sommes battus et nous avons fait d'énormes sacrifices pour terminer la saison avec un titre. Il est de notre droit de percevoir et la 2e tranche et la prime de victoire en Coupe d'Algérie dans les plus brefs délais. On nous les a promises. Nous avons tenu notre promesse sur le terrain en offrant à notre club et aux supporters un titre. À vous maintenant de tenir la vôtre en nous régularisant”, ont réclamé, en substance, les joueurs. Assistant à la scène, Rachid Maârif ne cacha guère sa désapprobation de la démarche des Ketrandji et consorts, se rangeant même du côté des coéquipiers de Farouk Belkaïd. L'intervention de Maârif était alors plus intransigeante et beaucoup plus virulente que la première. Il s'en prendra, en effet, directement à Ketrandji et à Adnane. “Il les a carrément lessivés. Il leur a dit en termes très clairs et saisis par tous : quoi ? Vous n'êtes mêmes pas capables de payer les joueurs alors que ceux-là viennent de remporter la Coupe d'Algérie, face à l'USMA de surcroît ? C'est hors de question ! Je veux qu'ils soient tous régularisés cette semaine. J'exige que tout le monde soit payé cette semaine, rapport à l'appui !” relate, en détails, une source autorisée. Cette sortie musclée de Maârif a donné vraisemblablement du courage aux autres “employés” du MCA, à l'instar de l'entraîneur des gardiens de but, Harb, du médecin du club et du kinésithérapeute, qui ont annoncé leur désir de voir, eux aussi, leur situation financière régularisée, car “n'étant pas encore payés”. Comme avec les joueurs, Maârif exigea des responsables que “tout ce monde soit payé cette semaine”. Bagarre Adnane-Belkaïd Maârif parti, les esprits ne se calmèrent pas pour autant puisque, considérant que “les joueurs n'avaient pas à profiter de la présence de l'ambassadeur d'Algérie à Rome pour faire un scandale”, Khaled Adnane s'en prendra directement à Belkaïd. “À chaque fois que t'avais besoin d'argent, t'es venu me voir, pourquoi donc aujourd'hui tu fais ça en présence de Maârif ?” aurait ainsi lancé Adnane à la face de Belkaïd, avec à la clé son lot d'insultes et d'injures. Se sentant presque humilié, Belkaïd répliquera avec autant de “tact”, chose qui a provoqué une bagarre entre les deux protagonistes, des assiettes étant même utilisées pour se “défendre”. C'est dire qu'au Mouloudia d'Alger, les lendemains de victoire ne sont pas forcément des lendemains qui chantent… Nazim Abderahmane