Sous le haut patronage du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le coup d'envoi du premier forum de Béjaïa portant sur “l'université et le monde productif” a été donné hier au niveau du campus d'Aboudaou de l'université Abderrahmane-Mira. Cette rencontre s'est déroulée en présence de chefs d'entreprise, enseignants, chercheurs et étudiants, réunis pour débattre des moyens à mettre en œuvre en vue de jeter les passerelles requises pour créer une synergie entre l'université et l'entreprise. “Plus qu'un espace d'échanges et de rencontres, ce forum vise à favoriser les mises en relation d'affaires, les projets de partenariat et plus fondamentalement à créer des synergies et ouvertures de perspectives pour tous”, a souligné le recteur de l'université de Béjaïa, M. Djoudi Mérabet, qui a précisé que l'ambition est de susciter de nouvelles dynamiques de partenariat entre les collectivités locales, l'entreprise et l'université. Il a également ajouté que la dynamique des réformes LMD, visant un enseignement plus en phase avec les attentes du monde productif, s'inscrit parfaitement dans cette perspective. “Il permettra sûrement des changements dans les comportements avec comme objectif d'enseigner autrement, travailler autrement et apprendre autrement. L'université doit ainsi retrouver son sens en étant le lieu de création, de partage des connaissances qui trouve sa consécration dans l'innovation et la dynamique d'entreprise”, a-t-il affirmé. Les participants ont mis en évidence l'intérêt de former des étudiants directement en prise avec l'entreprise et donner l'opportunité à cette dernière de se servir directement à la source. Ils ont jugé impératif de fournir les outils nécessaires à l'entreprise algérienne pour se mettre au diapason, en lui fournissant une ressource humaine de qualité et innovante. Des exemples de faisabilité probants ont été abordés, dont l'exemple le plus édifiant reste celui de l'Ecole des hautes études commerciales de Paris, qui fournit 90% de ses effectifs en “managers prêts-à-porter”. Le professeur Papin, qui en est le représentant à ce forum, explique que partant d'un constat empirique, selon lequel les enseignants universitaires sont “moins bien placés que les hommes de terrain et les professionnels”, a conclu à l'idée que l'université doit impérativement compenser ces carences en mobilisant ces derniers pour la formation. L'option, y voit-il, est d'aller vers un système qui privilégie la conversion des chercheurs en entrepreneurs. Pour sa part, le P-DG de Cevital, M. Issad Rebrab, a exposé sa vision quant aux possibilités qui s'offrent en termes de redéploiement de l'économie nationale. Face à un parterre d'enseignants, d'opérateurs économiques, des autorités locales et de centaines d'étudiants, M. Issad Rebrab a affirmé que “le savoir est la seule échelle dont on peut mesurer le développement de chaque pays. Si certains pays disposent de richesses naturelles, d'autres, par ailleurs, ont eu le savoir donc ils ont pu construire et avancer dans le monde”. Et d'ajouter : “Actuellement, dans le monde moderne, seul le savoir peut garantir un meilleur avenir”, précisant que “Cevital n'a pas échappé à cette règle.” Le patron de Cevital a indiqué dans ce cadre que “le savoir est la grande richesse d'un pays, qui va permettre d'avancer dans tous les secteurs, et l'université demeure l'un des grands partenaires dans le développement d'un pays”. L'industriel a ensuite brossé un panorama quasi complet de l'expérience de son groupe dont la réussite est “à la base, le fruit de l'importance accordée à sa ressource humaine”. “Nous avons recruté des ingénieurs sur les bancs des universités. En six mois de perfectionnement, ils ont littéralement explosé. Désormais, ce sont des cadres qui affichent des niveaux de compétence qui n'ont rien à envier à leurs pairs des pays les plus développés”, a-t-il confié, évoquant l'expérience coréenne qui, à ses yeux, “est éloquente” en raison de la santé de son économie. Pour le conférencier, “l'entreprise Cevital n'a pas cessé de progresser au fil des années, pour devenir, aujourd'hui, l'une des puissantes entreprises économiques en Algérie”. Profitant de l'occasion, Issad Rebrab a fait savoir que son groupe compte réaliser deux projets touristiques au niveau de la localité balnéaire de Souk El-Tenine, dans la wilaya de Béjaïa. Par ailleurs, le représentant du ministre de l'Enseignement supérieur a axé son intervention sur les relations entreprises-université, en affirmant que la balle est dans le camp des entreprises maintenant que l'université est ouverte à tout projet de partenariat pour le développement dans les différents secteurs d'activité. Pour sa part, M. Rachid Fatmi, wali de Béjaïa, a affirmé que sa wilaya est devenue par sa situation géographique un lieu de création d'emplois à travers les entreprises qui se sont investies dans les différents domaines. Il faut savoir que les travaux se sont poursuivis hier dans l'après-midi, avec une conférence ayant pour thème “Quelle place pour les diplômés de l'université de demain”, alors que pour aujourd'hui, il est prévu trois autres conférences sur le rôle de la science et de la technologie dans l'avantage concurrentiel des nations, l'université et l'entreprise de savoir, ainsi que sur la fertilisation croisée université-entreprise et les pôles de compétitivité. A. H./ L. H.