Alors que l'on croyait que la dernière visite de Vladimir Poutine aux Etats-Unis allait rapprocher les positions américaines et russes sur le dossier du bouclier antimissile américain, voilà le bras de fer qui reprend de plus belle. Voyant que les Américains n'avaient pas jugé utile de répondre rapidement à la proposition de Vladimir Poutine, qui avait suggéré que la Russie et l'Otan partagent des informations stratégiques, ce qui selon lui rendrait inutiles des installations antimissiles de l'Otan en Pologne et en République tchèque, que Moscou ne veut pas voir mises en place, le vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov a tout simplement menacé de rapprocher les missiles russes de l'Europe. "Si nos propositions sont acceptées, il ne sera plus nécessaire pour la Russie de déployer de nouveaux missiles dans la partie européenne de notre territoire, et notamment dans la région de Kaliningrad", a déclaré Ivanov, à l'agence de presse Interfax. Pour information, l'enclave de Kaliningrad se trouve sur la côte de la Baltique et est entourée par la Pologne et la Lituanie. Elle n'est pas connectée par voie terrestre au reste de la Russie. Kaliningrad est beaucoup plus près de Varsovie que de Moscou. Cette sortie médiatique n'a pas été appréciée par Washington, qui a jugé jeudi "malheureux " ces propos. "Les propos de Mr Ivanov ont été malheureux mais je ne crois pas qu'ils nous détournent du fait que nous avons des échanges constructifs avec les Russes", a en effet déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Il n'a pas manqué de qualifier les propos d'Ivanov de "pas constructifs". En dépit cde cela, le responsable US atténuera sa réaction en déclarant : "Je pense que les commentaires de M. Ivanov ont été regrettables, mais il ne faut pas pour autant oublier que nous avons une conversation constructive avec les Russes sur ce sujet", avant d'ajouter : "Bien sûr, quand on voit des responsables russes parler en ces termes, je pense qu'on peut dire que ce n'est pas constructif". Il reviendra néanmoins sur les résultats de la dernière rencontre entre Bush et Poutine pour dire : "Mais ce que j'ai ressorti des entretiens de Kennebunkport, c'est qu'il y a eu en fait une bonne discussion sur le bouclier antimissil". Il soulignera qu'à la fin des entretiens Poutine avait évoqué "une architecture régionale pour la défense antimissile et reconnu l'existence d'une menace". De son côté Tony Snow, le porte-parole de la maison blanche a admis que ce sujet était à l'origine de tensions entre la Russie et les Etats-Unis, mais il a soutenu que le président George W. Bush et son homologue russe Vladimir Poutine avaient avancé sur la question lors du "sommet du homard" dans le Maine au cours du week-end dernier. Il a également ajouté que "le message clair est qu'il va y avoir beaucoup de problèmes techniques à résoudre et nous allons y travailler". Ceci étant Moscou et Washington s'opposent sur le projet américain de déployer un bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque, que la Russie considère comme une menace directe pour sa sécurité. Par ailleurs, une réunion à quatre des ministres de la Défense et des Affaires étrangères des deux pays sur cette question est prévue en septembre/octobre, après des discussions au niveau des experts. K. ABDELKAMEL