Le bouclier antimissile au centre du dernier sommet, à Sotchi, entre les présidents des deux grandes puissances. George W.Bush est arrivé à Sotchi pour un ultime sommet avec Vladimir Poutine destiné à donner une nouvelle impulsion aux relations russo-américaines et à aplanir les divergences sur le bouclier antimissile avant le passage de relais à leurs successeurs. Cette rencontre sur les bords de la mer Noire se déroule dans la foulée du Sommet de l'Otan à Bucarest lors duquel les alliés européens de l'Alliance se sont ralliés au projet de bouclier américain mais ont ménagé la Russie avec le report de l'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie prônée par le président américain. Si la Russie aura désormais plus de mal à s'opposer au déploiement d'éléments du bouclier en Europe, quelles concessions le président Poutine sera-t-il prêt à faire sur ce dossier stratégique, un mois avant de quitter ses fonctions alors qu'un anti-américanisme agressif a sous-tendu sa politique ces dernières années? «La question du bouclier a été abordée en passant (lors du Sommet de l'Otan). Nous aurons une discussion plus substantielle à Sotchi» samedi (hier) et dimanche (aujourd'hui), a souligné, vendredi, Vladimir Poutine. Des signaux de rapprochement semblent perceptibles. M.Poutine a ainsi estimé que «les inquiétudes russes» avaient été «entendues» par les Américains qui «réfléchissent à des mesures de transparence et de confiance». Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a exprimé mardi son espoir d'une issue positive aux discussions russo-américaines sur le bouclier, auquel Moscou est vivement opposé. Selon des sources russes et américaines, les deux présidents doivent approuver un «document cadre stratégique» destiné à donner une base plus solide aux relations bilatérales avant la transition du pouvoir dans les deux pays, même si ce texte ne sera pas signé et n'aura pas de valeur juridique. «Ce document doit être honnête» et mentionner les sujets qui «inquiètent la Russie» comme le bouclier, le régime de la réduction des armes stratégiques et l'élargissement de l'Otan, a déclaré le conseiller diplomatique du Kremlin, Sergueï Prikhodko. «Si la question du bouclier figure dans ce texte, cela signifiera que la Russie reconnaît les menaces balistiques. Cela pourrait être considéré comme une victoire de Bush qui a besoin d'afficher un succès de sa politique extérieure», estime le politologue russe, Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie. Dans une moindre mesure, Poutine «souhaite aussi clore ses relations avec les Etats-Unis sur une note positive avant de partir. Il est possible que dans quelques années, les mauvaises relations avec un pays ne seront plus considérées comme un succès par l'opinion», ajoute M.Loukianov. Le Sommet a lieu à la résidence d'été de Vladimir Poutine, surnommée «Ruisseau Botcharov», une réponse du président russe à l'invitation dans la résidence familiale des Bush à Kennebunkport dans le Maine (nord-est) en juillet 2007. Une partie de pêche, lors de laquelle le président russe avait réussi à attraper un bar, avait permis de donner un ton décontracté à leur rencontre au plus bas des relations russo-américaines. Le rendez-vous de Sotchi «sera notre dernier face-à-face» en tant que présidents et «je le remercierai d'être franc avec moi», a dit M.Bush ajoutant qu'il n'avait pas «d'animosité» envers le président russe. Le président américain aura aussi l'occasion de rencontrer, à Sotchi pour la première fois, le président élu Dmitri Medvedev dont M. Poutine a promis de devenir le Premier ministre. Il aura des entretiens distincts avec MM.Poutine et Medvedev puis donnera une conférence de presse commune avec Vladimir Poutine ce matin à 08h00 GMT.