L'histoire de Cheikh Omar Dabo, le buteur malien de la JS Kabylie, fera certainement date dans les annales du club kabyle, lui qui a marqué de son empreinte de goléador une saison tout simplement mémorable pour réussir finalement ses adieux historiques à la faveur d'un joli doublé contre les FAR de Rabat, qu'il avait bel et bien promis à toute cette Kabylie fière et orgueilleuse dès lors que les couleurs nationales sont en jeu. Et comme Dabo a tenu à entrer dans l'histoire déjà fabuleuse du club kabyle en offrant une belle victoire aux Canaris dans cette Champions League, où les duels sont sans merci, l'attaquant international malien a hérité tout simplement du brassard de capitaine d'équipe qui l'aura tout simplement transcendé. Faut-il rappeler que c'est bien la première fois dans l'histoire de la JSK que le brassard de capitaine est porté par un joueur étranger. Et cet honneur unique dans les annales du prestigieux club du Djurdjura, le baroudeur malien l'aura vécu intensément jusqu'à survoler ce beau derby maghrébin pour dégainer, à deux reprises, et signer ainsi une superbe victoire en guise de cadeau d'adieu à tout ce “peuple de la JSK” qui l'a tant aimé et adopté. “Dès que le coach m'a donné le brassard de capitaine, j'avais le cœur qui battait très fort car, à cet instant, je réalisais tout le bonheur et surtout tout l'honneur à entrer dans l'histoire du club, car j'étais bien le premier joueur étranger à porter le brassard d'un club aussi prestigieux que la JSK”, nous déclarait avec beaucoup d'émotion Cheikh Omar Dabo dans les vestiaires kabyles gagnés par l'ivresse de la victoire et l'euphorie. “C'est une journée historique pour moi qui vient de réussir un baroud d'honneur à valeur de feu d'artifice pour mon dernier match à Tizi Ouzou. Et comme le football est un sport merveilleux, la réussite était au rendez-vous puisque j'ai réussi à tenir parole en inscrivant deux buts inoubliables qui ont permis à la JSK de se ressaisir après cette première défaite injuste à Tripoli et qui m'ont comblé d'aise pour avoir tenu parole auprès de notre merveilleux public et de mon manager, M. Guedjali, qui m'a beaucoup aidé”, dira encore Dabo. Après avoir reçu, à la mi-temps, le trophée de meilleur footballeur de la saison 2006/2007, remis à l'occasion par nos confrères de Djazaïr-Foot, Dabo eut droit, en fin de match, à un hommage populaire sans précédent. Ce fut bien sous les acclamations et les applaudissements de la foule en délire que le Malien effectua un tour de piste en saluant fébrilement tout un stade qui n'avait d'yeux que pour lui. “Dabo ! Dabo !” scandaient les milliers de supporters kabyles pendant que le Malien effectuait ses dernières foulées sur le tartan tout neuf du 1er-Novembre en multipliant les salutations et les remerciements à tous ses admirateurs. Avant son dernier match à Tizi Ouzou, il s'était promis de tenir le coup et de ne pas verser la moindre larme, malgré toute sa peine à quitter la ville des Genêts, mais il a fini par craquer car l'émotion était trop forte. “Avec ma fierté de Bomakois, j'avais juré de ne pas verser la moindre larme, mais j'avoue que j'ai finalement craqué et je n'ai pu retenir toutes ces larmes de joie et de tristesse à la fois. De la joie parce que j'étais heureux de tirer ma révérence en inscrivant les deux buts de la victoire, mais la tristesse m'avait noué la gorge, car c'était très difficile de dire adieu à ce merveilleux public que je n'oublierai jamais”, enchaîne Dabo qui avait promis de jouer un dernier match à Sousse face à l'Etoile du Sahel, mais il sera dans l'obligation de rejoindre son nouveau club français le Havre bien avant le 20 juillet pour être aussitôt qualifié pour le championnat français de 2e division qui compte énormément sur sa nouvelle “perle noire” pour viser l'accession en DI. “Je suis venu à Tizi Ouzou en tant que malien d'origine. Et je repars comme kabyle d'adoption”, conclut Cheikh Omar Dabo qui, l'espace d'une seule saison, aura finalement conquis des milliers de cœurs kabyles pour marquer de son sceau et de son “coup de patte magique” toute l'histoire déjà bien riche de la JSK. Et si les Canaris ont enrôlé, durant ces deux dernières décennies, de nombreux joueurs de couleur, il est plus que sûr que Dabo aura été — et de très loin — le meilleur footballeur étranger que la JSK ait recruté. C'est dire que ce brassard de capitaine, qui lui a été légué par les dirigeants kabyles, de temps de ce derby coloré entre algériens de la JSK et marocains des FAR, valait bien l'équivalent d'une couronne majestueuse pour le “roi des buteurs en Algérie”, et l'histoire le retiendra. Dabo est parti, Wassiou et Demba sont restés alors que Traore est arrivé. La “saga africa” est toujours de mise en Kabylie, mais le départ définitif du “Cheikh” risque de se traduire par quelques “fausses notes” dans les futures symphonies des Canaris du Djurdjura. Mohamed Haouchine