Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a expliqué hier les fondements des amendements de la loi électorale. Les amendements proposés pour les articles 82 et 109 visent à “améliorer une procédure électorale fondée sur le système à la proportionnelle en corrigeant certaines insuffisances ou dérives révélées par notre expérience depuis 1997”, a-t-il déclaré. Aux yeux du membre du gouvernement, “ces dérives expliquent pour beaucoup la désaffection d'un plus grand nombre d'électeurs”, estimant que le système à la proportionnelle est “certainement celui qui permet la représentation la plus large des différents courants et sensibilités politiques”, mais qu'il a besoin d'être complété par “un minimum de mesures dans le but d'éviter un certain nombre d'effets pervers”. Ces effets “pervers” dont parle Zerhouni sont représentés par “l'émiettement des bases politiques et électorales”, “la tendance à la multiplication des partis politiques”, “l'exagération du nombre de candidatures fantaisistes et “la difficulté de choix pour l'électeur”. L'autre argument avancé par le ministre de l'Intérieur pour justifier la révision de la loi électorale est en rapport avec ce qu'il appelle “le business des listes électorales”. Sur cette question, le ministre de l'Intérieur s'est voulu insistant : “Il faut qu'on soit sincères entre nous, tous les Algériens savent que le business est entré en politique dans la confection des listes électorales à tel point qu'il y a création dans notre pays d'une bourse des listes électorales”, avant de revenir à la charge et de se montrer plus précis :“Il y a un nouveau type de spéculation financière autour de l'agrément des listes de candidature qui, alimentée par de l'argent sale, a pollué notre environnement politique d'une manière inacceptable”. Sur cette question, le ministre a dit avoir remarqué que “certains partis n'ayant plus de base militante se sont livrés sans vergogne à de telles manipulations”. Etayant ses dires, il a cité l'exemple d'une candidature qui a été achetée à “5 millions de dinars dans une wilaya donnée”. Le parrainage des candidatures pose également problème selon le ministre de l'Intérieur. Il donnera un exemple à ce propos pour se faire comprendre : “Il y a eu rejet de huit candidatures sur une liste de onze postulants d'une formation politique et son chef de parti qui avait donné son cachet à cette liste avait vivement protesté contre ce rejet en sollicitant des explications au ministère de l'Intérieur. Quant nous avions expliqué à ce chef de parti que les huit candidats étaient des repris de justice, ce dernier nous a dit qu'il ne connaît pas ces candidats”, dira Zerhouni sans cacher son étonnement par rapport à l'attitude du chef de parti, ignorant le CV des candidats qu'il place sur les listes électorales. C'est pour cela d'ailleurs que parmi les “solutions” que propose Zerhouni à la loi électorale, il est question de “l'amélioration du système de parrainage des candidatures”. Concrètement parlant, il a exigé que le candidat ait “un ancrage et une assise significative”, précisant que le postulant aux élections “doit être parrainé, soit par au moins 5% des électeurs inscrits dans la circonscription électorale, soit par un parti politique ayant une assise politique nationale confirmée”. “Un parti politique sera considéré comme ayant une assise nationale lorsqu'il aura obtenu lors de l'une des trois dernières élections ayant précédé l'échéance électorale envisagée, soit 4% des suffrages exprimés au niveau national, répartis dans 25 wilayas à raison d'au moins 2 000 voix dans chacune de ces wilayas, soit un nombre respectable de représentants nationaux ou locaux.” À ce titre, le ministre propose “un minimum de 600 élus nationaux ou locaux répartis dans au moins 25 wilayas avec un minimum de 20 élus dans chaque wilaya”. À ce propos, le ministre de l'Intérieur a expliqué le nombre des partis qui échapperont aux mailles de la nouvelle version de la loi électorale : “les données dont nous disposons font paraître que 9 partis politiques sortent d'une manière assez constante du lot pour avoir obtenu un score supérieur à 4% des suffrages exprimés répartis dans 25 wilayas et à raison de plus de 2 000 voix par wilaya.” Même s'il ne dévoile pas l'identité de ces partis, il est aisé de les identifier il s'agit : du FLN, RND, MSP, RCD, PT, FFS, MRN, Ennahda et le FNA. S'exprimant sur les partis qui ne répondent pas aux nouveaux critères, Zerhouni a indiqué qu' “ils ne seront pas dissous !” “Ce sera une décision dure et nous sommes en apprentissage de la démocratie”, note-t-il encore avant d'estimer que “ça va les stimuler pour changer leur problématique pour proposer des solutions plus acceptées par la société”. Ces partis devront toutefois réunir les exigences suscitées pour prétendre participer aux élections. NADIA MELLAL