Il estime que cette mesure renforcera le pouvoir de négociations de notre pays avec ses partenaires dans le monde. “En Algérie, les hydrocarbures qui demeurent le seul secteur performant par rapport aux autres risquent d'entraîner une hausse des salaires (dans ce secteur) et répercuter cela sur les autres, sans justification du critère d'amélioration de la productivité et générer par conséquent une certaine inflation.” C'est l'appréciation apportée voire la remarque faite par M. Sid-Ali Boukrami, professeur en économie quant à la politique de change prônée actuellement en Algérie. Il précise que la seule note positive soulignée par les autorités monétaires internationales est celle liée à la stabilité des taux de change au plan théorique. Une étude lancée par le FMI entre 1995 et 2005 montre que le taux de change effectif réel de l'Algérie se rapproche du taux d'équilibre. L'économie mondiale, soulignera le professeur, fonctionne avec des marchés. Or, l'économie nationale fonctionne avec des subventions uniquement et qui s'inscrivent dans la durée. Il évoquera ainsi, un problème d'affectation et d'allocation des ressources. L'objectif est d'aller d'une économie qui “marche” sans marchés à une économie fonctionnant avec les marchés. Selon le professeur, la meilleure réserve qu'on puisse avoir c'est celle des hydrocarbures qu'il faille laisser aux générations futures. Car, le pétrole n'appartient pas à notre génération seulement. Si les prix sont actuellement autour de 70 dollars le baril, il quasi certain que dans 10 ans, il coûtera 100 ou 110 dollars. “Comment vendre actuellement le pétrole à 70 dollars et obliger à l'avenir aux futures générations de l'acheter à 100 dollars ?” s'est interrogé M. Boukrami. “Les réserves de changes appartiennent non seulement à notre génération mais aux autres qui vont venir aussi”, affirmera M. Boukrami sur les ondes de la radio chaîne III. Il faut, ajoutera-t-il, arriver à fixer le seuil de la production d'hydrocarbures en fonction de l'économie mondiale de manière subtile, certes, mais garder une marge de négociations pour utiliser le surplus. “Parce que pour les 80 milliards de dollars, il ne s'agit pas de réserves de change mais d'un transfert d'hydrocarbures en moyen de paiement que nous n'arrivons pas à utiliser au plan interne, malgré les efforts consentis dans ce sens. Nous devons ainsi les placer dans de meilleures conditions et les revenus de ces placements pour les générations futures comme l'ont fait la Norvège et le Koweït”, expliquera le professeur. M. Sid-Ali Boukrami en reprenant, l'expression d'un ministre des Finances, estime qu'un pays qui exporte des hydrocarbures s'appauvrit. Car, le seul pouvoir de négociations vis-à-vis de l'extérieur reste, indiquera-t-il, les hydrocarbures. Tant que ces ressources sont réservées, les partenaires prendront cela au sérieux parce qu'elles deviendront une denrée qui va diminuer et ne sera pas renouvelable à l'avenir. Pour lui, la pauvreté ne se résume plus aux réserves de change. Car, des pays rongés par la pauvreté en Afrique subsaharienne dispose d'un montant estimé à 150 milliards de dollars de réserves de change. En termes plus clairs, le problème réside dans la capacité d'absorption de l'économie et celle liée aux négociations avec le reste des pays du monde. À cela, il y a lieu la capacité de créer des valeurs ajoutées. Badreddine K.