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Dans une dizaine d'années
Le pétrole à 120 dollars
Publié dans Info Soir le 14 - 07 - 2007

Se basant sur des données fiables et concrètes, les analystes estiment qu'un baril de pétrole à 100 ou 120 dollars ne relève plus de l'utopie. D'où la nécessité de réguler la production de façon à préserver les intérêts des générations futures. Un éminent universitaire spécialisé dans les questions financières tire la sonnette d'alarme.
Le prix du baril de pétrole, qui frôle ces jours-ci ses records historiques, pourrait encore augmenter sensiblement à l'avenir pour atteindre 100 ou 120 dollars. C'est un éminent spécialiste en finances internationales qui l'a affirmé ce matin sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale.
Pour Sid Ali Boukrami, «le pétrole est une denrée qui diminue et non renouvelable et, c'est un secret de Polichinelle, son prix ne peut qu'augmenter à l'avenir», laissant entendre qu'il y a aujourd'hui une unanimité sur le fait que le baril pourrait être échangé dans seulement une dizaine d'années à 100 ou 120 dollars. L'universitaire a enchaîné sur la nécessité de penser à préserver les intérêts des générations futures. «Le pétrole n'appartient pas qu'à notre génération, il appartient également aux générations futures et les meilleures réserves qu'on puisse avoir sont les réserves d'hydrocarbures et les confier aux générations de demain. Nous le vendons 60 ou 70 dollars mais dans une dizaine d'années il vaudra 100 ou 120 dollars ; il y a une unanimité : comment le vendre aujourd'hui et priver les générations futures qui l'achèteront à trois fois le prix ?». Il est impératif, selon lui, d'arriver à fixer la production en fonction des besoins de l'économie mondiale de manière subtile et garder une marge de négociation pour utiliser les surplus. Il explique que lorsqu'un pays dispose de 80 milliards de dollars de réserves, «ce ne sont plus des réserves de change, mais un transfert des réserves d'hydrocarbures en moyens de payement qu'il n'arrive pas à utiliser au plan interne malgré tous les efforts».
Il faut donc, suggère M. Boukrami, les placer dans les meilleures conditions et laisser les revenus de ces placements pour les générations futures comme cela a été fait par d'autres pays, à l'image de la Norvège. Continuant son plaidoyer pour la préservation des réserves d'hydrocarbures, l'universitaire reprend à son compte l'expression d'un ancien ministre des Finances qui avait déclaré qu'«en vendant du pétrole, on s'appauvrit». «Notre seul pouvoir de négociation vis-a-vis de l'extérieur, ce sont les hydrocarbures ; tant que nous les gardons, les gens nous prennent au sérieux», explique-t-il encore. Dans le même ordre d'idées, M. Boukrami a expliqué que le fait qu'il n'y ait qu'un secteur générateur de devises dans l'économie nationale constitue un risque réel d'inflation galopante, en ce sens que les hausses des salaires dans ce secteur «peuvent se répercuter sur les autres secteurs sans justification d'amélioration de la productivité».
L'illusion des réserves de change l Selon M. Boukrami, la pauvreté ne se mesure plus au montant des réserves de change détenues par un pays. Pour illustrer son propos, il cite les pays de l'Afrique subsaharienne qui sont considérés parmi les plus pauvres de la planète mais qui détiennent plus de 150 milliards de dollars de réserves de change. Les données ont changé. La question qui se pose, selon lui, c'est comment passer d'une économie matérielle à une économie immatérielle. Autrement dit, la capacité d'absorption de l'économie et de négociation vis-à-vis du reste du monde à quoi s'ajoute la capacité à créer des valeurs ajoutées et avoir des élites performantes.
Effets de la hausse de l'euro : «C'est extrêmement délicat» l Interrogé sur les effets de la hausse de l'euro par rapport au dollar sur l'économie nationale et les réserves de change du pays, M. Boukrami a estimé qu'il est «extrêmement délicat de s'exprimer sur la question» puisqu'il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu dont les taux d'intérêt appliqués dans chaque pays et surtout la parité des pouvoirs d'achat qui fait ressortir qu'actuellement «l'euro est surévalué par rapport au dollar d'environ 22 %». «Parler de surévaluation ou d'évaluation d'une monnaie c'est extrêmement délicat et un terrain complexe, donc nous nous en tiendrons à la parité des pouvoirs d'achat», a-t-il expliqué.


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