“Je n'ai pas de relation avec Saddam”, a répliqué aux journalistes qui l'interpellaient devant la porte de sa résidence l'ambassadeur d'Irak à l'Onu, Mohamed Eddouri, qui affirmait ne rien savoir sur l'évolution de la situation dans son pays. “Je suis ici et, comme vous, je ne sais rien. Je n'ai pas de contact avec Saddam”, martelait-il sur un ton irrité. Ce revirement dans la position d'un diplomate représentant son pays au sein de l'Onu, ne peut être traduit que comme un désir de se repositionner dans la perspective de l'arrivée d'un nouveau pouvoir en Irak. Un revirement qui pousse à s'interroger sur le devenir des chancelleries irakiennes à l'étranger et la situation actuelle des diplomates au milieu du chaos qui règne dans ce non-Etat qu'est l'Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Entre l'asile politique et l'allégeance à la prochaine autorité, les diplomates auront à choisir, selon leurs convictions. Encore faut-il qu'il y ait des alliés du président déchu, car si l'ambassadeur d'Irak à l'Onu a adopté la même position que le peuple irakien qui a opposé une résistance à la coalition avant de déboulonner la statue de leur président et de serrer la main aux soldats américains, tout porte à croire que l'on commence à tourner casaque. L'ambassadeur d'Irak à Moscou, M. Abbas Khalaf, annonce la couleur en affirmant qu'il resterait à son poste jusqu'à ce qu'un “gouvernement légal” soit formé. Oubliant que la veille de la chute de Bagdad l'Irak signifiait encore Saddam dans l'esprit des Irakiens, le diplomate a déclaré à l'agence russe Interfax : “Je représente l'Irak et la nation irakienne et je continuerai à remplir mes fonctions aussi longtemps qu'il ne sera pas formé en Irak un gouvernement légal, élu par le peuple irakien et reconnu par l'Onu”, tout en démentant avoir l'intention de demander l'asile politique. En tout cas, dans les capitales européennes, la surveillance des ambassades d'Irak est renforcée. Ce qui n'a pas été le cas en Iran où la chancellerie irakienne à Téhéran a été prise d'assaut, hier, par un important groupe d'opposants chiites irakiens, partisans de l'ayatollah Mohammed Baqer Hakim, chef du principal groupe de l'opposition chiite irakienne. Mais aucun diplomate irakien ne se trouvait dans les locaux. R. M.