C'est la psychose. Il suffit qu'une petite secousse se produise pour provoquer un mouvement de panique, comme ce fut le cas à Guelma. En effet, cette région, située à 530 km au sud-est d'Alger, a été touchée, mardi dernier, par une secousse tellurique d'une magnitude de 2,8 degrés sur l'échelle de Richter, la troisieme depuis dimanche. L'épicentre de cette secousse, ressentie à 12h47 GMT, a été localisé à 7 km à l'ouest de la ville. Dimanche, cette région avait été touchée, également, par deux autres secousses de 2,5 et de 3,6 degrés sur l'échelle de Richter, avec un épicentre se situant à 7 km au sud-est de Guelma. Ces secousses, qui n'ont fait ni dégâts ni victimes, ont provoqué la panique parmi les habitants. Un autre séisme d'une magnitude de 3,3 degrés sur l'échelle de Richter a été enregistré, également, mardi dernier dans la région de Médéa. Ces activités sismiques ont créé une polémique au sein de la population. Un radio-trottoir réalisé, hier, à Alger sur les explications de ces secousses, nous a démontré que personne n'a pu donner une explication logique ou scientifique à ce phénomène normal. La plupart de nos interlocuteurs lient les secousses aux grandes chaleurs, les plus écologistes parmi eux parlent de pollution et du phénomène de gaz à effet de serre, tandis que les extrémistes évoquent des arguments religieux tels que l'approche de la fin du monde et du châtiment divin. “C'est normal, il a fait très chaud mardi dernier, près de 38° C, même la terre n'a pas supporté cette chaleur, c'est pour cela qu'elle craque tout le temps. S'ajoute à cela le taux de pollution. Que Dieu ait pitié de nous”, annonce d'emblée un chauffeur de taxi. Une explication très “recherchée” qui, à elle seule, résume le mode de pensée générale. Pourtant, il y a une explication scientifique à tous ces phénomènes naturels, notamment les tremblements de terre. Rassurez-vous, il n'y a aucun rapport entre la hausse des températures, qui est normale en été, avec les secousses. C'est un phénomène qui entre dans le cadre de l'activité sismique. “Il est préférable d'avoir une activité sismique continue ou permanente à faible magnitude, que de ne pas avoir d'activité régulière. Ces secousses permettent de libérer, à petite dose, l'énergie qui s'accumule à l'intérieur de la terre”, a précisé à Liberté M. Hamou Djellit, directeur de recherche et chef du département d'études et de surveillance sismique au niveau du Craag. Il explique, également, que “la croûte terrestre est formée par 7 grandes plaques (connues sous le nom de plaques tectoniques) et d'autres plus petites. Ces plaques ne sont pas immobiles, elles se déplacent à des vitesses allant de 1-2 cm/an pour les plaques les plus lentes, jusqu'à 6-7 cm/an. Ses mouvements provoquent des tensions qui se dégagent en permanence, provoquant ainsi des secousses à faible magnitude, voire même de microsecousses que l'être humain ne ressent pas. Au niveau du Craag, nous avons recensé entre 30 à 40 secousses par mois, à travers le territoire national, dont la magnitude ne dépasse pas les 4 sur l'échelle de Richter. Plusieurs de ces secousses ne sont pas ressenties pas les habitants à cause de leur faible magnitude”, a-t-il ajouté. On apprend que d'autres secousses, à faible magnitude, ont eu lieu, également, cette semaine, dans plusieurs régions du pays, à savoir Chlef, Oum T'oub, Skikda, Ksar El-Boukhari, que la population n'a même pas ressenties. L'Algérie se trouve sur le front nord de la plaque africaine qui se déplace vers le Nord en opposition à la plaque européenne dans le cadre de ce qu'on appelle la dérive des continents. C'est ce qui est explique, également, l'activité sismique sur tout le long de la côte nord du pays, voire même maghrébine, comparé aux autres villes du Sud algérien. “Je suis content de voir qu'il y a des activités sismiques, car il est dangereux d'avoir une activité silencieuse qui se libère brusquement, provoquant ainsi un tremblement de terre avec de plus grands risques”, a souligné notre interlocuteur. Il a, par ailleurs, insisté sur l'utilité d'une culture scientifique d'une politique de sensibilisation et d'explication des phénomènes naturels, notamment les séismes afin d'éviter les mouvements de panique et d'affolement. Nabila Afroun