Pour la troisième fois, le président Bouteflika effectuera, à partir d'aujourd'hui, une visite de travail et d'inspection à Mostaganem. Un périple qui durera deux jours avant de se rendre à Oran. À la différence de la précédente visite effectuée en 2004 au cours de laquelle neuf daïras parmi les dix que compte la wilaya, cette fois-ci, il ne se rendra que dans sept daïras. Entamés dans la matinée d'aujourd'hui, par un accueil populaire au chef-lieu de la commune de Stidia, pas moins de 53 haltes constituent le périple de la délégation présidentielle. À Stidia, puis Mostaganem, l'on prévoit un bain de foule sur une distance de 500 mètres avant de marquer une pause au siège de l'APC. Unités industrielles et locaux commerciaux réalisés dans le cadre du programme de sa propre initiative, lycées et collèges, salles omnisports, centres de formation et tronçons de routes, réseaux d'AEP et infrastructures universitaires, bureaux de poste et sièges d'APC, logements sociaux et sièges de daïra, bibliothèques communales et polycliniques, l'hôte de marque de la wilaya aura à inaugurer une multitude de projets. Dans la foulée, et au registre des grands projets, le poste transformateur 220/60 KV de la Sonelgaz mis en service en décembre 2004, l'hôpital psychiatrique de Tigdit, l'annexe de l'Ecole régionale de la Protection civile, le barrage de Oued Kramis et la salle de conférences de la wilaya seront officiellement inaugurés. Le président de la République procédera à la mise en service des réseaux de dessertes en gaz de ville de l'agglomération de Mesra et de l'alimentation en eau potable de la zone du Dahra à partir du barrage de Kramis. De même, il posera la première pierre de plusieurs ouvrages hydrauliques de grande envergure, d'un hôpital de 240 lits à Kharroba, d'un lycée et d'un collège à Stidia, de la station de dessalement de l'eau de mer implantée à proximité de l'embouchure du Chelif, d'une auberge de jeunes à Kharroba, d'un centre des impôts, d'une cité administrative regroupant sept sièges de directions de wilaya et d'une résidence universitaire de 2 000 lits à Chemmouma. Meublant le menu récréatif du séjour présidentiel, Maâzouz Bouadjedj, le grand maître de la chanson chaâbi, Abdelkader Khaldi et le chanteur de bédoui cheikh Chigueur, animeront la soirée musicale prévue à la maison de la culture Ould-Abderrahmène-Kaki, à l'honneur du président de la République et de la délégation qui l'accompagne. Les préparatifs ont été nettement moins pompeux mais le Tout-Mostaganem en parle. À un rythme acharné et inhabituel, on a travaillé jusqu'à des heures tardives le soir, sans différencier entre jour ouvrable ou week-end. On s'est activé à préparer le terrain. On a peint et repeint tout sur son passage : bordures des trottoirs, arbres verts ou desséchés, pierres ou autres poteaux. Lors d'une séance tenue jeudi, notables et membres du mouvement associatif se sont donné le mot : l'accueil et la liesse populaire seront exceptionnels. “On se doit de donner au président l'impression que Mostaganem est le meilleur des 48 élèves de la République.” Le commun des citoyens mostaganémois attend impatiemment l'éventuelle réaction du premier magistrat du pays quant au rythme quasi imperceptible du développement en inadéquation avec les moyens financiers mis en œuvre. Il y a des atouts et des potentialités que recèle la wilaya de Mostaganem. Au premier chef, on y retrouve l'agriculture conférant à Mostaganem sa première vocation. Une agriculture qui, depuis l'Indépendance à ce jour, a subi de profondes mutations. Un secteur économique qui propulse Mostaganem au premier rang des wilayas productrices de pomme de terre, détrônant celle de Mascara et rivalisant avec Aïn Defla. Une wilaya, qui est également la première à offrir sur le marché, les premières clémentines et autres agrumes de saison. L'autre atout d'importance capitale est offert par le secteur de la pêche. De par sa situation géographique, le vaste littoral long de 124 km dont elle dispose, Mostaganem s'inscrit dans une zone poissonneuse de premier ordre compte tenu de la biomasse estimée à quelque 78 000 tonnes par an et le stock exploitable évalué, quant à lui, à quelque 26 000 tonnes par an, la production réalisée demeurant insuffisante. Autrement dit, les ressources sont mal exploitées et les raisons sont multiples. La façade maritime longue de 124 km, ponctuée d'une trentaine de plages dont plus de la moitié est aménagée, confère à la wilaya un potentiel touristique de première importance. 15 ZET (zones d'expansion touristique) y ont été délimitées. L'expérience de l'aménagement du premier site lancé en 1989, celui des Sablettes est loin d'être encourageante pour sa généralisation aux autres ZET encore vierges. Au lieu de lancer la promotion touristique, l'hôtellerie ou la restauration, les pseudo-investisseurs ont préféré construire des bungalows altérant l'harmonie du site et faisant l'objet d'une spéculation acharnée. À l'instar des autres régions, à Mostaganem et en dépit des efforts, l'investissement stagne pratiquement. Il y a plus d'une décennie que l'on évoque les zones d'activité. 9 communes sur les 32 que compte la wilaya en possède une. Elles totalisent 557 lots de terrain prévus pour l'investissement. Près de la moitié a effectivement été cédée à des soi-disant promoteurs, mais sur le terrain, les unités ou entreprises ne foisonnent pas encore. Au registre des contraintes, l'eau est certainement le handicap le plus préoccupant pour le développement socioéconomique de la wilaya. Projet salutaire en la matière, le barrage de Kramis, malheureusement miné de tares et de vices de réalisation, a tant bien que mal révolutionné la situation. Dans la région du Dahra, population et autorités locales semblent fortement soulagées. Ce qui n'est plus le cas des habitants du plateau de Mostaganem dont les préoccupations en matière d'alimentation en eau potable et d'hydraulique agricole, s'accentuent au fil des ans. Le salut ne viendra apparemment que de la mer qui alimentera la station de dessalement, inscrite au programme de la visite du Président. De même, officiellement moins alarmant, le problème du logement bascule de l'aspect quantitatif à celui qualitatif. Des programmes et le rythme de réalisation, parfois en adéquation et au détriment de la qualité souhaitée, ont permis la résorption du déficit. Cependant le coût du logement, notamment pour la frange sociale la plus démunie, demeure une grande préoccupation se répercutant sur l'OPGI qui ne sait plus comment recouvrer ses redevances locatives. M. O. T.