Six mois après les attentats à la bombe commis à Si Mustapha, Souk El-Had, Boumerdès et Tizi Ouzou, l'opération de dédommagement des victimes tarde à se concrétiser, notamment celle concernant les personnes dont les véhicules ou les biens immobiliers ont subi des dégâts. À Boumerdès, de nombreuses personnes qui ont vu leurs véhicules et leurs maisons endommagés ou détruits n'ont rien encore perçu bien qu'elles aient accompli toutes les formalités nécessaires exigées par le décret 99-47 du 13 février 1999 relatif à l'indemnisation des personnes physiques victimes de dommages corporels ou matériels subis suite à des actes de terrorisme. On sait que les assurances ne couvrent pas ce genre de dégâts, mais c'est l'Etat qui se charge de l'indemnisation grâce à un fonds spécial créé au niveau de chaque wilaya. Seulement, la procédure est jugée contraignante et bureaucratique. “Cela fait trois mois et demi que l'expert a examiné mon véhicule, mais aucune convocation ne m'est encore parvenue pour toucher mon argent”, affirme un citoyen de Si Mustapha dont le véhicule a été complètement dévasté par la déflagration. En dépit des efforts déployés par le service de la wilaya chargé de cette opération et malgré le traitement rapide des dossiers par les services de la wilaya de la Police judiciaire (SWPJ) de Boumerdès, de nombreux citoyens éprouvent d'énormes difficultés pour se faire indemniser. Les démarches s'apparentent à un véritable parcours du combattant, affirment les victimes dont certaines ont du mal à joindre l'expert désigné par la wilaya pour cette opération pour la simple raison que ce dernier est domicilié à Alger. Mais le calvaire de ces citoyens ne s'arrête pas là. Une fois l'expertise établie, il faut patienter encore pour voir le dossier atterrir au niveau des services de la Drag (Direction de la réglementation et des affaires générales). Ces derniers doivent à leur tour l'acheminer au Trésor de la wilaya. Et là, encore une fois, il faut prendre son mal en patience. C'est le cas de ce citoyen habitant le boulevard de l'Indépendance qui attend depuis plus d'un mois qu'on le convoque pour lui remettre son chèque afin qu'il puisse rembourser les dettes qu'il a dû contracter auprès de ses amis pour réparer son véhicule qui est aussi son outil de travail. “J'avais promis aux amis de les rembourser dans deux mois, en vain”, affirme-t-il. Un citoyen dont la maison a subi de gros dégâts par la bombe ayant touché le commissariat de Boumerdès attend toujours. “J'ai déposé le dossier il y a plus de trois mois, mais rien ne m'est encore parvenu”, soutient-il, l'air désappointé. Un autre résidant de Si Mustapha se trouve dans la même situation. Quant aux commerçants, on leur a signifié qu'ils n'ont pas droit aux indemnisations même s'ils disposent d'un contrat d'assurance. Pourtant le même décret (99-47) a prévu dans l'une de ses dispositions qu'un texte d'application sera promulgué pour la régularisation des commerces ayant subi des dégâts suite à des actes terroristes, mais huit ans après, le texte n'a pas vu encore le jour. M. T.