Les enquêtes de la police des polices françaises et des enquêteurs de la brigade criminelle de la Police judiciaire devront déterminer si la victime algérienne a tiré ou a simplement sorti son arme, un pistolet d'alarme à grenaille pendant un contrôle d'identité à la gare du Nord de Paris. Les policiers du Service régional de la police des transports (SRPT) ont ouvert le feu, vendredi soir, sur un Algérien au cours d'un contrôle d'identité dans la galerie marchande au sous-sol de la gare, peu avant 19h30, le blessant grièvement à l'abdomen et au pied. La victime, âgée de 40 ans, a succombé à ses blessures quelques heures plus tard à l'hôpital Bichat. La majeure partie des coups de feu, six au total, aurait été tirée par une femme policière, brigadier-major âgée de 45 ans. Selon le parquet, la victime avait auparavant braqué une arme et tenté de faire feu à deux reprises sur l'un des policiers. L'arme en question est un pistolet d'alarme à grenaille, selon la préfecture de police de Paris. Pour information, les pistolets à grenaille peuvent être inoffensifs ou très destructeurs. Ils sont considérés, pour les plus petits d'entre eux, comme des armes d'autodéfense à courte, voire très courte portée, qui ne nécessitent pas de savoir viser. Ces armes sont pratiquement inutiles contre les vêtements blindés. Les plus gros modèles entrent par contre dans la catégorie des fusils à pompe, et ne sont pas autorisés au port. Les quatre policiers impliqués dans l'incident ont été placés en garde à vue dans les locaux de l'Inspection générale des services (IGS) dans un premier temps, avant d'être remis en liberté. Un procureur adjoint du parquet de Paris a déclaré que “c'est l'hypothèse de la légitime défense qui est retenue en l'état des investigations”, en précisant que l'enquête allait se poursuivre avec l'autopsie de la victime et une expertise technique des armes des policiers. Dans un communiqué, le parquet affirme qu'après une reconstitution des faits, les évènements se seraient déroulés comme suit. “Assis sur des marches lorsqu'il est appréhendé, l'homme est emmené par les policiers. À un moment, il accélère subitement le pas, plonge sa main droite dans sa veste et se retourne, braquant sur un policier un pistolet”. La version ajoute que “trois des fonctionnaires s'écartent de sa ligne de tir en lui demandant de lâcher son arme. Mais l'homme ne répond pas et fait feu en direction de l'abdomen du quatrième fonctionnaire resté face à lui. Une flamme est sortie du canon de l'arme de l'agresseur, mais aucun projectile n'est parti”. A-t-il ou non tiré un second coup de feu ? L'enquête n'a pour l'instant pas permis de le déterminer, a expliqué le parquet, selon lequel plusieurs témoins ont cependant assuré que l'homme s'apprêtait à tirer une seconde fois sur le policier qui lui faisait face. Reste à savoir maintenant s'il s'agit réellement d'un cas de légitime défense comme l'indique la première conclusion du parquet, ou d'une bavure policière, voire même d'un crime raciste ? La question mérite d'être posée au vu des nombreuses gaffes commises jusque-là par les policiers français contre des émigrés, particulièrement d'origine maghrébine. K. ABDELKAMEL