Il était près de 13h hier, lorsque le président Bouteflika quitte Oran pour s'envoler vers Alger après un périple marathonien de 3 jours qui l'aura mené sur les sites de plus d'une dizaine de projets. Mais pour cette dernière journée dans le programme de la visite d'inspection, qui s'est déroulée sous un soleil de plomb, le fait marquant a été la présence, à maintes reprises, sur le passage du cortège présidentiel et dans de nombreux sites, de groupes de citoyens, tentant d'attirer l'attention du président par des banderoles et des pancartes qu'ils portaient à bout de bras. C'est ainsi qu'au niveau de la zone industrielle d'Es-Sénia, ils s'étaient massés sur le trajet présidentiel, pour réclamer le paiement de leurs salaires alors que dans un autre endroit, ce sont des familles qui vivaient dans des gourbis, qui, elles aussi, ont tenté de se faire entendre agitant leurs banderoles où l'on pouvait lire “Le logement : un droit”. Le service d'ordre, très présent, maintenait calmement à une certaine distance, ces hommes et femmes ayant ainsi exprimé leur désarroi. Il faut dire que lors de la deuxième journée de la visite présidentielle, des habitants des Planteurs ont manifesté bruyamment au moment où Bouteflika procédait à la pose de la première pierre d'un programme de 450 logements LSP à Haï El-Yasmine. Les manifestants, expulsés de leur habitation précaire aux Planteurs, début juillet, et n'ayant pas bénéficié de logements, ont scandé des slogans hostiles au wali, et plus particulièrement à l'encontre du chef de daïra, le traitant de “logements de la rechwa !” au moment où réapparaissait le chef de l'Etat. Ce dernier se dirigera vers eux et échangera des propos avec les contestataires durant plusieurs minutes, leur promettant même qu'une enquête sera diligentée sur cette question. Hier matin, le ministre de l'Intérieur, M. Zerhouni, nous confirmera, qu'en effet, une enquête sera mise sur pied. “Il y aura une enquête qui va étudier les cas et les recours, s'il s'avère qu'ils sont justifiés, on verra. Sur 1 000 familles concernées, il y a eu 287 recours !” Et d'ajouter : “lorsque le recensement a été effectué en 2003, des gens ont rendu ensuite leur carte, alors que d'autres en ont profité pour ramener leur famille et demander plusieurs logements ! c'est l'enquête qui déterminera vraiment les cas lésés !” Cette situation, en fait, est révélatrice de la situation de crise du logement qui est vécue par la population oranaise en dépit du programme important de 5 000 logements qui devrait s'achever en 2009. Par ailleurs, la dernière journée a encore été l'occasion pour le premier magistrat du pays d'adresser des critiques aux responsables locaux, notamment sur la qualité architecturale, comme au niveau de l'IGCMO. Le style architectural des amphis a été comparé à “une caserne” et de se renseigner sur le choix des bureaux d'études. Plus tôt dans la matinée, la délégation s'est longuement attardée au niveau du chantier de la grande mosquée Ibn-Badis, qui traîne depuis l'année 2000, faute de ressources financières. il manquerait 3 milliards pour l'achèvement des travaux, seuls le gros œuvre est réalisé, alors qu'il y a eu la résiliation de Cosider en 2006 au profit de l'entreprise chinoise CSCEC. S'adressant à son ministre des Affaires religieuses, le chef de l'Etat demandera pourquoi il n'y avait pas eu de demande de programme spécial pour une rallonge budgétaire. En se rendant, par la suite, dans la commune d'El-Kerma, le président Bouteflika a encore réagi à la présentation de l'aménagement urbain de l'axe aéroport d'Es-Sénia-Oran non pas pour le choix des activités commerciales qui y seront implantées, mais en apprenant que les parcelles ont été cédées par adjudication. Un choix qui n'était pas du goût du président, rappelant, alors, que ces terrains étaient des biens de l'Etat et suggérant qu'une autre forme de cession aurait pu être choisie. Malgré tout, pour les autorités locales, cette visite présidentielle de trois jours à permis d'arracher une enveloppe conséquente au titre du programme complémentaire qui sera attribué dans le cadre de la tranche annuelle 2008. F. BOUMEDIENE