Le périple du chef de l'Etat dans la Mitidja était mené à une cadence effrénée. Au cours de ses escales, le Président n'a pas fait de déclaration particulière. Hier, en inscrivant 35 escales à sa visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Blida, Abdelaziz Bouteflika voulait, manifestement, donner l'image d'un président en forme. “Courir, c'est bien. Regardez, Sarkozy (le président de la République française, ndlr) court tous les jours”, a répliqué Noureddine Yazid Zerhouni, sur un air de plaisanterie, à des journalistes qui se plaignaient de la cadence effrénée du périple présidentiel à travers I5 localités de la Mitidja. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales faisait partie d'une large délégation de membres de l'Exécutif. Presque tout le gouvernement était en déplacement dans la ville des Roses, hormis son chef. Des responsables de département comme l'Education, l'Enseignement supérieur, la Santé, l'Habitat, les Affaires religieuses, les Ressources en eau, les Travaux publics, la Jeunesse et les Sports, l'Energie et les Mines, les Participations, les Transports… devaient chacun, dans son domaine, informer le Président de l'état d'avancement de projets locaux, dont la réalisation est attribuée à leurs services. M. Bouteflika est arrivé au centre hospitalo-universitaire, premier point de sa visite, aux environs de 8h30. Il s'est longuement attardé dans cette structure où il a visité tour à tour les centres anticancéreux, de neurologie et de neurochirurgie. Sur place, il s'est rendu, par ailleurs, au chantier portant réalisation de l'institut du rein. Alors qu'il était encore à l'hôpital, les journalistes étaient conviés à rallier Bab-Esebt, au centre-ville, où le président devait prendre un bain de foule. Mais à 9h30, la grande place était encore dépeuplée. À l'aide d'un mégaphone, un agent de la wilaya a invité les habitants de la ville à se rendre sur les lieux pour accueillir le Président. Mais son invite fut à peine entendue. Derrière les barrières de sécurité érigées sur les trottoirs, la foule des badauds n'était pas nombreuse. Disséminés le long de la rue, des groupes folkloriques s'attelaient à arracher la cité de sa torpeur. Préférant d'abord faire le plein, les services de la wilaya ont reporté le bain de foule d'une heure, causant un chamboulement dans le programme. Dans une improvisation totale, les journalistes avaient dû se rendre à une autre escale. Sur un terrain vague, à l'une des extrémités de la ville, M. Bouteflika a procédé à la pose de la première pierre du projet de réalisation d'un hôtel haut standing, appartenant à l'homme d'affaires M. Zaïm. Des sites industriels d'envergure des groupes Cevital et Sim, ainsi que la station thermale de Hammam Melouane (acquise par un privé en vue de sa réhabilitation) faisaient aussi partie des haltes du chef de l'Etat à Blida. Sans doute, ces détours expriment-ils son encouragement à l'investissement privé. Dans le secteur public, un site de l'AADL, le chantier de l'autoroute Est-Ouest, un centre d'affaires réalisé par l'EPLF, un institut d'architecture, une cité de logements sociaux locatifs ont été joints au programme de la visite. À l'extrémité ouest de la wilaya, à la frontière de Aïn Defla, M. Bouteflika a posé la première pierre de dérivation des eaux de oued Djer. Dans les années 1990, cette région, qualifiée de véritable coupe-gorge, était à la merci des terroristes. En s'y rendant par des routes sinueuses et toujours aussi austères, le locataire d'El-Mouradia désirait sans doute montrer le profil d'une Algérie pacifiée et tournée vers l'avenir. Mais si la région de Blida ne porte plus les stigmates de la décennie noire, elle est toujours restée une wilaya pas comme les autres. Les démêlés de son ancien wali avec la justice et la tenue au niveau de sa cour de justice, il y a quelque temps, du procès Khalifa la distinguent d'une façon qui n'est pas très honorable. “Les choses se sont améliorées”, assure pour sa part M. Zerhouni. Au cours d'un point de presse tenu à l'issue du déjeuner au siège de la wilaya, il a fait le bilan des avancées observées au plan du développement. Par ailleurs, il a annoncé la dotation d'une enveloppe additive au budget d'équipement de l'année 2007, de l'ordre de 7,56 milliards de dinars. S. L.