Le Président a effectué, hier, dans la capitale, une sortie aux relents très électoralistes. Pas moins d'une vingtaine d'escales étaient inscrites, hier, au programme de la “visite de travail et d'inspection” que le président de la république a effectuée dans la capitale. De Sidi Moussa à Chéraga, en passant par les quartiers d'Alger, comme Belouizdad et Bab-El-Oued, Abdelaziz Bouteflika a accompli un véritable périple marathonien que d'aucuns assimilent à une sortie électorale. En effet, outre les nombreux déplacements qu'il mène aux quatre coins du pays, le chef de l'Etat réserve, depuis quelque temps, à la capitale une place de choix dans son planning. C'est la seconde fois en un mois qu'il lui consacre une journée entière en l'arpentant de long en large. À la veille de l'Aïd, ses pas l'avaient mené dans les zones d'Alger et de Boumerdès touchées par le tremblement de terre du 21 mai dernier, pour s'enquérir du relogement des familles sinistrées. Hier, sans un intitulé précis, sa visite était consacrée, pêle-mêle, à des inaugurations diverses, à la pose de pierres angulaires et à l'inspection de nombreux projets en cours. En fait, rien d'extraordinaire au regard de certaines réalisations si banales pour “déranger” le Président et susciter son intérêt. Qu'est-ce qui l'a donc fait courir de 8 heures à 19 heures dans une épreuve non-stop ? À Bentalha, où il inspectait un projet de construction de 700 logements, Bouteflika a eu cette phrase très révélatrice : “Le temps n'est pas mon allié.” Sur le ton d'une grande contrariété, il a ensuite lancé : “Personne n'est assis sur le fauteuil de l'éternité.” À l'origine du courroux du chef de l'Etat, le prolongement des délais pour la réalisation des logements en question. Prenant à parti le maître d'œuvre, le directeur de l'entreprise Cosider, il l'a menacé de lui retirer le marché au cas où les délais de réalisation ne seraient pas écourtés. “Votre problème à vous, les gens de Cosider, est que vous voulez être partout sur le territoire national, de Tébessa à Maghnia en faisant fonctionner quatre camions”, s'est énervé le chef de l'Etat. Sa colère et son dépit sont compréhensibles dans le sens où, à ses yeux, les logements, les routes, les gares… autant de projets qu'il a inspectés, constituent un quitus du peuple pour un second mandat. D'où son empressement. À bordj El-Kiffan, où il s'était enquis, à la fin du ramadan, de l'avancement d'un autre projet de construction au profit des sinistrés, Bouteflika avait expressément avoué qu'“il est pris à la gorge par le temps”. Il est vrai qu'il reste peu de temps avant le scrutin présidentiel. S'il a besoin de la caution d'un tas de “grands électeurs” dont la grande muette, le chef de l'Etat doit, par ailleurs, arracher le soutien de la population pour justifier sa légitimité aux yeux du monde. C'est à cet égard, et juste à cet égard, qu'il a entrepris “une occupation exclusive du terrain”. Peu importe l'importance des sites visités. À l'aéroport Houari-Boumediene, Bouteflika a inauguré une base de maintenance fonctionnelle depuis une année. À Belouizdad, il a vérifié l'état d'avancement du projet du métro, en suspens depuis plus une décennie. Sur cette même avenue, aux abords de laquelle de nombreux badauds étaient amassés, le cortège du président est passé en trombe devant un atelier désaffecté de Naftal, où vivent quelque 13 familles sinistrées. Dans une tentative vaine, les hommes ont entrepris de barrer la route à l'aide d'une banderole dénonçant la hogra. Arrivé à leur hauteur, le chef de l'Etat a fait semblant d'ignorer le bout de tissu. Assis dans sa confortable Mercedes, il a souri, comme à l'adresse d'un comité de soutien en saluant de la main les manifestants d'un jour. De partisans, il n'y en avait point, hier, dans les rues. Hormis les curieux et les écoliers, les autres spectateurs qui se trouvaient là, demeurait dans les longues files de taxi ou dans les abribus archipleins en quête de transport. Pendant de longues heures, ils ont attendu les véhicules pris en otages dans les embouteillages. Quand Bouteflika passe… S. L. Le Général Fodhil Chérif à Liberté “L'armée ne décide pas” “Le général Lamari, chef d'état-major de l'ANP, a bien dit que l'armée s'est retirée de la scène politique”, a répondu le général Fodhil Chérif, chef de la Ire Région militaire, à une question sur le rôle de l'institution militaire dans le prochain scrutin présidentiel. Soupçonnée de tenir un rôle décisif dans le choix des présidents, l'ANP, selon notre interlocuteur, ne décide pas. Commentant les divers appels, dont certains émanant de postulants à la magistrature suprême, en vue de l'implication de l'ANP dans le scrutin pour veiller à sa crédibilité, il a haussé les épaules : “C'est leur affaire”, s'est contenté de dire le général. Comme preuve de sa neutralité, la grande muette ne semble guère incommodée par la suppression du vote des corps constitués dans les bureaux spéciaux. “Personnellement, ça ne me dérange pas”, a répliqué le chef de la Ire région militaire. S. L.